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Maillard, S. 2023. « Eloge de la démocratie représentative », Blogpost, Paris: Institut Jacques Delors , 1er mars.

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Plus d’un an depuis son déclenchement, l’offensive de Vladimir Poutine contre l’Ukraine poursuit le même objectif : empêcher que prospère une démocratie libérale, échappant donc à son influence, dans ce qu’il considère le monde russe. Faire fonctionner une authentique démocratie est le premier critère pour adhérer à l’Union européenne. En transmettant l’acte de candidature de l’Ukraine juste après l’invasion russe du 24 février 2022, Volodymyr Zelensky signifiait à son agresseur qu’il entendait nullement renoncer d’assoir la démocratie dans son pays, bien au contraire. Et pour rallier les soutiens à la cause ukrainienne, il n’a eu cesse de s’adresser à la première institution incarnant partout le fonctionnement démocratique d’un régime : le parlement.

Le bilan des interventions du président Zelensky devant des enceintes parlementaires depuis un an mériterait d’être dressé. Entre sa première déclaration virtuelle au Parlement européen, le 1er mars 2022, et celle sur place devant la même assemblée, lors de son déplacement à Bruxelles, le 9 février dernier, on recense une large vingtaine de tels discours. De la Chambre des Communes au Congrès américain, en passant par le Bundestag, la Knesset, les Cortes (parlement espagnol), la Vouli (parlement grec), le Dail (chambre basse du parlement irlandais), sans oublier notre Assemblée nationale (le 23 mars 2022). Une véritable tournée des hémicycles.

On pourrait estimer que le chef de la résistance d’un Etat assailli jour et nuit par les bombes a mieux à faire qu’à s’adresser tour à tour aux parlements albanais, slovène, islandais ou encore à la chambre des députés du Luxembourg, parmi tant d’autres. Ce grand communicant a sûrement compris que la manière la plus honorable et respectueuse de solliciter le soutien humanitaire, financier et/ou militaire et d’abord politique d’un peuple l’était par le truchement de ses représentants. Cela devrait nous rassurer sur la conception de la démocratie de Volodymyr Zelensky. La somme de ses allocutions aux élus du suffrage universel forme un hommage à la démocratie représentative quand celle-ci traverse en de nombreux pays une crise profonde, dont l’abstention, la polarisation extrême, l’éclatement et/ou les scandales sont les symptômes préoccupants.

Bien que l’exécutif détienne traditionnellement les compétences en affaires étrangères, le président ukrainien a su faire aussi, à sa manière, de la diplomatie parlementaire. La guerre l’exige. Sa durée aussi. Les enjeux humain, géopolitique, sécuritaire, énergétique et économique de ce conflit, dont nulle issue se dessine, intéressent au premier chef les représentants nationaux et européens. L’objet même de cette guerre, le droit à la démocratie sur notre continent, requiert toute l’attention, la prise de conscience, la mobilisation de nos élus. En France, le soutien à l’Ukraine et son avenir en Europe méritent assurément un grand débat parlementaire. A charge pour les députés de s’en montrer à la hauteur.

Sébastien Maillard,
Directeur de l’Institut Jacques Delors

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