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03/10/06

[EN] Réaction de Loukas Tsoukalis au texte d’Andrew Moravcsik sur le rejet du traité constitutionnel

Moravcsik a tout à fait raison lorsqu’il observe que le projet constitutionnel européen n’a pas réussi à mobiliser les citoyens de nos pays membres ni à susciter un soutien en faveur d’une intégration plus poussée. Comment aurait-il pu en être autrement ? Le terme « constitution » est clairement inapproprié, les modifications apportées aux procédures de vote au Conseil et la présidence tournante constituent peut-être un pas dans la bonne direction, mais elles ne sont guère susceptibles d’enthousiasmer la plupart des gens, alors que la partie politique de l’ancien traité est restée pratiquement inchangée. Les changements pratiques ont été présentés comme un projet politique majeur, mais ils se sont retournés contre leurs auteurs et ont, au mieux, été accueillis avec indifférence.

Cela signifie-t-il que la politisation de l’intégration européenne est vouée à l’échec ? Moravcsik affirme que le plus grand avantage tactique de l’UE est qu’elle est ennuyeuse, et qu’elle doit le rester.

L’intégration européenne est le fruit d’une conspiration élitiste animée par de bonnes intentions et qui a donné des résultats remarquables. Jusqu’ici, tout va bien. Cependant, il est peu probable que cela continue ainsi pour plusieurs raisons. L’expansion continue de l’UE en termes d’adhésions et de fonctions politiques a accru la diversité interne, tout en multipliant les effets des décisions prises par les institutions européennes sur la vie quotidienne des citoyens. En période de grande restructuration économique au niveau mondial, le nombre de perdants au sein des pays membres a tendance à augmenter. Les perdants réels, potentiels ou même imaginaires constituent une part importante de nos populations dans une période caractérisée par des changements importants et rapides. Beaucoup d’entre eux considèrent l’intégration européenne comme un vecteur de la mondialisation redoutée et s’y opposent. Le problème se situe au sein des pays et non pas tant entre eux ; il est beaucoup plus vaste et plus difficile à résoudre que par le passé.