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Enraciner l’Europe : Une lecture de Simone Weil

Philosophe française, Simone Weil (1909-1943) a grandi dans une famille agnostique d’ascendance juive. Profondément inspirée par la figure du Christ, elle a néanmoins refusé toute sa vie de se convertir formellement au catholicisme. Simone Weil a eu dès son enfance une santé fragile, ce qui ne l’a pas empêchée de défier sans cesse ses propres forces physiques.

Philosophe française, Simone Weil (1909-1943) a grandi dans une famille agnostique d’ascendance juive. Profondément inspirée par la figure du Christ, elle a néanmoins refusé toute sa vie de se convertir formellement au catholicisme. Simone Weil a eu dès son enfance une santé fragile, ce qui ne l’a pas empêchée de défier sans cesse ses propres forces physiques. En cherchant à partager le malheur d’autrui, elle a fait de la souffrance corporelle une quête de rédemption. Il suffit d’évoquer ses derniers jours, dont les biographes nous disent qu’ils furent vécus dans le désespoir : atteinte de tuberculose, elle serait morte d’une défaillance cardiaque due notamment à un haut degré de malnutrition. Ce refus de s’alimenter aurait constitué un acte volontaire de compassion avec les Français les plus malheureux.

Il faut dire que pour Weil, ce geste n’était pas anodin et il serait simpliste de le lire comme une pure grève de la faim. Chez cette philosophe, la notion de faim a une forte charge symbolique, lorsque nous savons la place fondamentale que son contrepoint – l’idée de nourriture – avait dans sa pensée. Cette notion est notamment centrale dans son texte majeur bien qu’inachevé, L’Enracinement (1943), qui synthétise les thématiques qui lui tenaient à coeur et qu’elle avait développées tout au long de son oeuvre : travail, religion, violence, critique du colonialisme et réflexion historicopolitique.

Camus a qualifié L’Enracinement de « véritable traité de civilisation », jetant « une lumière puissante sur l’abandon où se débat l’Europe » au début des années 1940. Attentifs à son conseil, nous nous penchons ici sur plusieurs des notions de cette philosophe afin de jeter quelques lumières sur la façon dont s’effectuent aujourd’hui les échanges marchands et sur la manière dont ils peuvent affecter les cultures locales dans le contexte de la mondialisation.