Décryptage
Europe/États-Unis : un agenda d’action commun pour le climat
Par Thomas Pellerin-Carlin, Directeur, Centre énergie, Institut Jacques Delors, Paris, & Edward Knudsen, Chercheur associé pour le Forum Dahrendorf et chercheur affilié au Centre Jacques Delors, Berlin.
La victoire du président élu des États-Unis, Joseph R. Biden Jr., le 3 novembre dernier, a fait naître l’espoir d’une plus grande coopération transatlantique. Pendant la campagne, l’ancien vice-président a exprimé son souhait de rétablir les relations avec les alliés des États-Unis, notamment l’Europe. L’homme qu’il a choisi comme secrétaire d’État, Antony Blinken, est un un ardent défenseur des institutions multilatérales et convaincu de l’importance de la relation entre les Etats-Unis et ses alliés européens. Dans le cadre d’un programme plus multilatéraliste, Biden a souligné que la lutte contre le changement climatique serait l’une de ses priorités. Il a promis de réintégrer l’accord de Paris sur le climat de 2015, a proposé un plan climatique de 2 000 milliards de dollars pour faire des États-Unis une économie neutre pour le climat d’ici à 2050 et a nommé l’ancien secrétaire d’État John Kerry au poste d’envoyé spécial pour le climat afin de témoigner de son engagement à lutter contre la crise climatique.
Malgré ces signes encourageants, l’administration Biden ne sera pas une solution miracle pour le climat, principalement en raison des difficultés auxquelles elle sera confrontée au niveau national. Bien que son plan soit ambitieux par rapport à ses prédécesseurs, les propositions de Biden pour lutter contre le changement climatique sont bien loin du «Green New Deal» soutenu par la représentante Alexandria Ocasio-Cortez et le sénateur Edward Markey.[1] De plus, Biden n’a prévu que de limiter -et non d’interdire- la fracturation hydraulique qui permet de produire des « gaz de schiste » et a choisi plusieurs conseillers liés aux industries des énergies fossiles. Sur le plan politique, tout programme de lutte contre le changement climatique devra faire face à l’opposition (voire à l’obstruction totale) d’un Sénat qui risque d’être contrôlé par les républicains et d’un système judiciaire composé de juges nommés par les républicains. Si ces limitations semblent dérisoires par rapport au déni pur et simple du changement climatique de l’administration Trump, les partisans de la coopération transatlantique sur le climat doivent absolument les avoir à l’esprit. À la lumière des ambitions et des contraintes de la nouvelle administration Biden, ce policy brief propose certains domaines de coopération entre les États-Unis et l’Union européenne pour agir pour le climat, au niveau mondial, au cours des deux prochaines années.
[1] La représentante Alexandria Ocasio-Cortez est une démocrate de la ville de New York, proche de l’aile gauche du parti démocrate et qui a soutenu Bernie Sanders durant la primaire démocrate. Le sénateur Edward Markey est un démocrate du Massachusetts et un faucon climatique de longue date.