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07/11/08

Face à la crise, l’Europe doit être présente

La crise économique mondiale actuelle est la plus grave que l’Europe ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. À ce stade, il est impossible de prévoir l’issue et la durée des changements importants qui se déroulent sous nos yeux. L’Europe n’est pas à l’abri de la tempête actuelle: elle en sortira soit renforcée, soit gravement affaiblie par des conflits internes. Comme c’est souvent le cas, cette adversité est à la fois une opportunité et une menace.

Face à la crise, l’Union dispose de nombreux atouts. L’amélioration remarquable du bien-être dans tous les États qui ont adhéré au projet européen est le fruit du grand marché intérieur, fondé, selon les termes de Jacques Delors, sur « une concurrence qui stimule, une coopération qui renforce et une solidarité qui unit ». La conception équilibrée de l’Union quant aux rôles respectifs du marché et de l’État est renforcée par un modèle social qui atténuera les effets du ralentissement économique. Dans la zone euro, la monnaie unique constitue un rempart solide contre les turbulences financières.

Malgré ces atouts, si la réponse politique à un défi systémique n’est pas elle-même systémique, les chances de succès seront minces. C’est l’Union, et non les États membres agissant de manière indépendante ou dans le cadre d’une coordination vague, qui doit élaborer un ensemble de mesures pour faire face à la crise. Le moment est venu de relancer la proposition contenue dans le Livre blanc de 1993 sur la croissance, la compétitivité et l’emploi, qui prévoit la création d’une « euro-obligation » destinée à financer de grands projets d’infrastructure d’intérêt européen commun. La crise doit inciter l’Europe à achever l’Union économique et monétaire en renforçant sa composante économique.

La continuité et la cohérence de l’action de l’Union doivent être garanties par la Commission européenne, l’institution dont la mission même est l’intérêt commun européen. Le bon fonctionnement du triangle institutionnel – qu’elle forme avec le Conseil des ministres et le Parlement européen – dépend de la capacité de la Commission à prendre des initiatives et à préserver l’esprit du projet européen.

L’élection du nouveau Parlement en juin 2009 sera l’occasion de renforcer la légitimité de la nouvelle présidence de la Commission. Dans ce contexte, le moment est venu de donner suite à la proposition avancée par le Comité de pilotage de Notre Europe en 1998, selon laquelle chaque famille politique européenne présenterait, pendant la campagne, un candidat à la présidence de la Commission européenne, qui s’engagerait à débattre avec ses adversaires. Les Européens doivent sentir qu’ils ont des choix politiques clairs sur les questions européennes et des personnalités qui les incarnent. Les élections européennes de 2009 sont une occasion à ne pas manquer.

Liste des signataires :

  • Jacques DELORS, président fondateur de Notre Europe, ancien président de la Commission européenne
  • Tommaso PADOA-SCHIOPPA, président de Notre Europe, ancien ministre italien des Finances
  • Pascal LAMY, directeur général de l’OMC, président d’honneur de Notre Europe
  • Jean Luc DEHAENE, député européen, ancien Premier ministre belge
  • Jacques SANTER, ministre d’État honoraire, ancien Premier ministre du Luxembourg, ancien président de la Commission européenne
  • Romano PRODI, président du Groupe de haut niveau des Nations unies sur le maintien de la paix en Afrique, ancien Premier ministre italien, ancien président de la Commission européenne
  • Péter MEDGYESSY, ancien Premier ministre de Hongrie
  • Paavo LIPPONEN, ancien Premier ministre de Finlande
  • Guy VERHOFSTADT, ministre d’État, ancien Premier ministre de Belgique
  • Carlo Azeglio CIAMPI, sénateur, ancien président de la République italienne
  • Felipe GONZÁLEZ, président de la Fundación Progreso Global, ancien Premier ministre espagnol
  • Etienne DAVIGNON, ministre d’État belge, ancien vice-président de la Commission européenne
  • Joschka FISCHER, ancien ministre des Affaires étrangères allemand
  • John MONKS, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats
  • Denis MACSHANE, député britannique
  • Peter SUTHERLAND, ancien commissaire européen et ancien procureur général d’Irlande
  • Jean FRANÇOIS-PONCET, sénateur, ancien ministre des Affaires étrangères, France
  • Vítor MARTINS, conseiller pour les affaires européennes du président de la République du Portugal
  • Alain LAMASSOURE, député européen
  • Piero FASSINO, ancien ministre italien
  • Antoinette SPAAK, ministre d’État, Belgique
  • Klaus HÄNSCH, député européen, ancien président du Parlement européen
  • Anna DIAMANTOPOULOU, députée grecque, ancienne commissaire européenne
  • Jan KULAKOWSKI, député européen
  • Pasqual MARAGALL, ancien président de la Catalogne, ancien maire de Barcelone
  • Emilio GABAGLIO, ancien secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats
  • Allan LARSSON, ancien directeur général, DG Emploi, Commission européenne
  • Paul HERMELIN, directeur général, Capgemini
  • Vasso PAPANDREOU, députée grecque, ancienne ministre, ancienne commissaire européenne
  • Nicole GNESOTTO, titulaire de la chaire CNAM-Union européenne, vice-présidente de Notre Europe
  • Joachim BITTERLICH, ambassadeur (retraité), vice-président exécutif des affaires internationales, Veolia Environnement, vice-président de Notre Europe
  • Pierre LEPETIT, vice-président de Notre Europe
  • Philippe de SCHOUTHEETE, ancien représentant permanent de la Belgique
  • Elisabeth GUIGOU, députée française, vice-présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française
  • Eneko LANDABURU, directeur général des relations extérieures, Commission européenne
  • Jean Louis BOURLANGES, ancien député européen
  • Sophie Caroline de MARGERIE
  • Laurent COHEN-TANUGI, avocat et écrivain
  • Riccardo PERISSICH, ancien directeur général, DG Industrie, Commission européenne
  • Renaud DEHOUSSE, directeur du Centre d’études européennes Sciences Po Paris
  • Jean NESTOR, ancien secrétaire général de Notre Europe
  • Gaëtane RICARD-NIHOUL, secrétaire générale de Notre Europe