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Face à l’alliance entre Trump et Musk, le silence assourdissant des Européens

Chronique publiée en partenariat avec L’Opinion

En ce début 2025, quelques jours à peine avant l’investiture de Donald Trump, les saillies du prochain président des États-Unis sont plus hallucinantes que jamais. Canada, Panama, Groenland, le monde entier découvre que MAGA – Make America Great Again – n’est pas peut-être pas juste un slogan politiquement gagnant, pas plus qu’une volonté d’isolationnisme mais pourrait bien être aussi le signe d’un nouvel impérialisme américain. L’heure ne serait plus alors au « deal » et à la négociation mais bien à la loi du plus fort et à la soumission des faibles. Après tout, cette dynamique n’est-elle pas déjà à l’œuvre ailleurs dans le monde et chaque fois que le droit international a été bafoué au service d’intérêts nationaux ou particuliers. Les exemples sont si nombreux que peu s’en émeuvent encore.

A la différence de 2016, cette fois-ci, Donald Trump n’est pas le seul porteur d’une parole sans filtre ces temps-ci. Il s’est trouvé un allié de poids et de choix en la personne d’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde. Certains semblent penser que cela ne durera pas, que les dissensions sont déjà perceptibles entre les 2 hommes. Pourtant entre le futur président des États-Unis et celui qui se projette comme le maître du monde, les annonces, déclarations et postures sont parfaitement coordonnées et, l’agenda, plutôt bien maîtrisé, prépare le terrain aux ambitions des 2 compères. Sont-ils sérieux ? Peu importe en réalité, rien que ces déclarations sont inacceptables et cela devrait être dit. Par ailleurs, ils testent leurs alliés, leur capacité à réagir et à s’opposer afin de savoir ce qu’il leur sera possible de demander. Dans ce contexte, le silence des européens est assourdissant et les quelques réactions, tellement conciliantes que le message est certainement bien arrivé à Mar-a-Lago.

Il est possible que les européens aient été incrédules face à de telles outrances ou qu’ils rechignent à entrer dans une surenchère qu’ils jugent dangereuse. Pourtant, ils donnent plutôt l’impression d’être tétanisés et surtout faibles alors même qu’ils devraient au contraire très vite penser, construire et assumer un rapport de force, auquel, c’est vrai, ils sont peu habitués. L’Europe ne manque pas d’atouts pour cela. Les pays européens restent les plus grands alliés des Etats-Unis et l’Otan est un instrument indiscutable de puissance et d’influence pour les Etats-Unis quoi qu’en dise le futur président. Ils sont aussi des partenaires économiques et commerciaux clés et les intérêts des entreprises américaines en Europe sont majeurs (entreprises du numérique en tête au vu des retards pris dans ce domaine par les européens), sans parler de l’épargne européenne qui irrigue abondamment Wall-Street…

La conciliation en effet n’est pas une option car elle ne fonctionnera pas. Si nous voulons avoir la moindre chance de maîtriser un minimum l’agenda, de limiter les assauts de la guerre commerciale promise, d’obtenir une place à la table des négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie ou même seulement de défendre les intérêts européens, il est indispensable de montrer que nous sommes forts et déterminés, ensemble et unis. Qui plus est, se donner les moyens de résister et de se défendre est aussi un moyen de limiter les tentatives de certains d’aller chercher à jouer les passagers clandestins en allant négocier individuellement avec le nouveau président et/ou son acolyte. Quel intérêt en effet aurait-on de chercher à obtenir quelques maigres avantages si l’Union nous en assure de plus importants parce qu’elle a su construire un équilibre dans ce rapport de force inéluctable ?

Souhaitons que cette dernière question ne reste pas de la pensée magique.

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