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[FR] La politique industrielle européenne : un nouveau paradigme

Pendant longtemps, la construction européenne a assimilé la « politique industrielle » à une « entorse à la libre concurrence ». L’obsession de l’égalité des conditions de marché a conduit à centraliser le contrôle des aides d’Étatet des concentrations à Bruxelles, tandis que les États membres restaient seuls maîtres de quelques initiatives
ponctuelles – le plus souvent défensives – à l’intérieur de leurs frontières. Résultat : lorsqu’un nouveau cycle technologique ou un choc exogène se profilait, l’Union ne disposait ni d’outils budgétaires adaptés, ni d’une gouvernance capable d’orienter durablement l’investissement productif.

Or le contexte mondial a brutalement changé et quatre dynamiques convergentes, détaillées dans ce papier, ont fait voler en éclats le vieux tabou. La compétitivité érodée de l’Europe face aux États-Unis et à la Chine, la multiplication des rivalités géo-économiques, illustrée par le programme Made in China 2025 et, outre-Atlantique, par un recours croissant aux droits de douane et aux subventions, les ruptures d’approvisionnement provoquées par la pandémie de Covid-19 et par l’agression russe contre l’Ukraine ou encore l’urgence climatique ont révélé les limites d’une approche strictement fondée sur la concurrence interne mais aussi la vulnérabilité stratégique de chaînes de valeur trop externalisées.

Cet article a été publié dans le « Magazine des Professions Financières et de l’Économie »