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Garder le cap de la transition énergétique européenne

Chronique publiée en partenariat avec L’Opinion

L’Europe est en pleine ébullition intellectuelle. Les défis sont concrets, urgents, massifs. La guerre en Ukraine a sonné le début d’une nouvelle ère énergétique, qui nécessite une transition accélérée vers système énergétique bas carbone, mais dévoile de nouvelles vulnérabilités. Les batteries électriques et les éoliennes de demain seront-elles fabriquées en Europe ? Comment assurer la sécurité d’approvisionnement en matériaux critiques pour la transition, quand ceux-ci viennent aujourd’hui d’un très petit nombre de pays, en particulier de Chine ? Comment combler le déficit d’investissement vert, estimé à environ 2% du PIB européen pendant la prochaine décennie ?

L’UE a déjà de nombreuses victoires à son actif. Le mandat qui s’achève, débuté en 2019, a vu le lancement du Pacte vert et le renforcement des ambitions climatiques européennes.  L’UE a révisé avec succès son cadre règlementaire sur l’énergie et le climat (paquet « Ajustement à l’objectif 55% »), lancé un plan de relance européen « Next Generation EU » face au covid, adopté des lois pour soutenir ses nouvelles ambitions industrielles vertes.

En matière énergie-climat, l’enjeu du prochain cycle institutionnel européen, qui s’ouvrira à la suite des élections européennes de juin, est double. Il va s’agir de mettre en œuvre les nouvelles mesures. Il faudra également poursuivre l’effort d’alignement du cadre règlementaire européen à l’objectif de neutralité climat, par exemple sur l’économie circulaire (industrie du recyclage, conception écologique des produits,..).

Les ambitions n’ont jamais été aussi élevés. Doubler le rythme de déploiement des énergies renouvelables, accélérer la rénovation, déployer de nouvelles chaines de valeur européennes et le plus durables possibles pour les technologies vertes, de la mine à l’usine. Au-delà de la question climatique, l’atteinte de ces objectifs est désormais un enjeu de souveraineté et de prospérité future.

La question qui se pose, c’est celle de la place de l’Europe dans le monde de demain. Manquer le tournant de la voiture électrique, c’est priver le continents d’emplois verts, laisser le leadership technologiques à d’autres, manquer l’occasion d’imposer des normes de durabilité élevées sur les batteries électriques.

Or, l’UE n’est aujourd’hui pas équipée pour matérialiser ces ambitions dans un contexte géopolitique et économique difficile. C’est ce qui inquiète les entreprises, les think tanks, les associations de consommateurs, partenaires sociaux, et les institutions européennes elles-mêmes, au premier chef la Commission européenne. La question du financement n’est pas résolue, les compétences techniques insuffisantes, les pénuries de main d’œuvre qualifié réelles, et les processus administratifs manquent d’agilité. Les solutions ne manquent pas, mais elles nécessitent que les Etats membres s’accordent sur une vision commune débouchant sur une action solidaire et coordonnée pour faire face à ces défis. Le rapport d’Enrico Letta (ancien Premier ministre italien et Président de l’Institut Jacques Delors) sur le marché unique, paru la semaine dernière, se fait l’écho de ces préoccupations et dessine des pistes de réformes.

Les conclusions du Conseil de la semaine dernière sont à cet égard décevantes et en décalage avec ces appels à l’action. Or, en fonction des résultats des élections de juin et de l’agenda stratégique du Conseil qui doit être adopté ce même mois, la Commission aura un mandat plus ou moins clair pour garder le cap de la transition énergétique et doter l’UE des instruments à la hauteur de ses ambitions. Il reste encore un peu d’espoir pour l’agenda vert de l’Europe. C’est une fenêtre à ne pas manquer.

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