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 Policy Paper
14/05/20

[EN] Plus écologique après

S’il est encore trop tôt pour évaluer pleinement l’impact de la pandémie de COVID-19, il est d’ores et déjà clair qu’il s’agit du pire choc économique que les économies européennes aient connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Le chemin vers la reprise sera probablement long et semé d’embûches. Les prévisions économiques du printemps 2020 de la Commission européenne tablent sur une contraction de 7,4 % de l’économie de l’UE en 2020, tandis que le taux de chômage dans l’ensemble de l’UE devrait passer de 6,7 % en 2019 à 9 % en 2020, touchant particulièrement les États membres du sud de l’UE.

La feuille de route pour la reprise adoptée par le Conseil européen le 21 avril appelle à un « effort d’investissement sans précédent » pour une « Europe plus résiliente, durable et équitable ». Afin de remplir ce mandat, le fonds de relance de l’UE, que la Commission européenne s’apprête à dévoiler, devrait donc être à la fois massif en termes de taille et de portée, et audacieux en termes de contenu. Cela est également conforme à la résolution adoptée par le Parlement européen le 17 avril.

Avant la crise, et à la suite des élections du Parlement européen l’année dernière, l’Union européenne s’était engagée dans une nouvelle feuille de route stratégique quinquennale dans laquelle la décarbonisation et la numérisation de nos économies ont été prioritaires. Les débats tendus d’avant la crise sur les coûts économiques et sociaux des avantages écologiques vont sans doute reprendre, car le plan de relance sera débattu entre les institutions européennes et le grand public.

Après l’adoption de mesures de sauvetage adéquates et immédiates, nous passons maintenant à la phase de relance. Faisant écho aux appels en faveur d’une relance verte, le présent document soutient qu’un plan d’investissement vert de très grande envergure apporte la stimulation économique nécessaire et renforce la résilience face aux chocs futurs.

La réalisation d’un mandat aussi ambitieux et transformateur ne peut se faire que dans certaines conditions spécifiques qui doivent être explicitement reconnues.

Nous soutenons et illustrons que :

  • les ambitions économiques et environnementales du plan de relance COVID-19 de l’UE doivent aller de pair, ce qui se traduira par un double gain ;
  • pour y parvenir, il faut sélectionner rigoureusement les programmes d’investissement, en ciblant les secteurs à fort potentiel de stimulation économique, de création d’emplois et de transformation écologique.

La première partie de ce document présente les critères que les décideurs politiques peuvent utiliser pour évaluer quels investissements peuvent faire partie d’un programme de relance économique verte. Premièrement, les investissements dans la relance verte consistent en des mesures opportunes, temporaires et ciblées, capables de stimuler rapidement l’économie jusqu’à sa reprise, par exemple au cours des cinq prochaines années. Deuxièmement, les investissements dans la relance verte accélèrent la transformation structurelle de l’économie vers un avenir plus sain et plus résilient, caractérisé par une pollution zéro, la restauration de la biodiversité et la neutralité climatique d’ici 2050.

La deuxième partie du document utilise ces critères pour fournir des recommandations d’investissement concrètes dans cinq secteurs – le bâtiment, la mobilité routière, l’innovation propre, l’économie circulaire et le tourisme côtier – qui sont essentiels à une véritable relance verte. Dans ces cinq secteurs seulement, l’UE et ses États membres pourraient investir en toute sécurité au moins 800 milliards d’euros au cours des cinq prochaines années, dans le cadre de plans de relance verte.

Le document recommande en outre que la Commission européenne et les gouvernements nationaux évaluent la contribution d’autres secteurs clés qui dépassent le cadre du présent document, mais qui sont néanmoins essentiels à une véritable reprise, tels que les énergies renouvelables, les interconnexions électriques, les réseaux intelligents, les transports publics, les chemins de fer, le transport maritime, l’agriculture, la sylviculture et la décarbonisation des industries et de l’aviation de l’UE.