Policy Paper 237
La bataille pour l’avenir de l’Europe : clivages politiques et équilibre des pouvoirs en amont des élections au Parlement européen
Thierry Chopin, conseiller spécial à l’Institut Jacques Delors, Nicolò Fraccaroli, doctorant en économie à l’Université Tor Vergata de Rome, Nils Hernborg, étudiant en master de politique économique internationale à l’École d’affaires internationales de Sciences Po (PSIA) et Jean-François Jamet, auteur de plusieurs ouvrages et articles sur l’intégration européenne et l’Union économique et monétaire, mettent l’accent sur les forces à l’œuvre dans cette campagne des élections européennes.
Cet article étudie les implications pratiques des lignes de division politique (clivages) et les résultats attendus à la veille des élections au Parlement européen des 23-26 mai 2019. Ces dynamiques détermineront l’équilibre politique et la direction que suivront le Parlement européen fraîchement élu et la nouvelle Commission européenne pour les cinq années à venir.
À cet effet, nous présentons tout d’abord de nouvelles projections sur la composition du futur Parlement européen, avec et sans le Royaume-Uni, dans la mesure où sa participation n’est pas sûre à ce stade du fait de l’incertitude entourant le Brexit. Nous comparons ensuite ces projections à la composition actuelle du Parlement européen, montrant ainsi que le futur Parlement sera sans doute plus fragmenté, moins pro-européen et comptera davantage de députés européens d’extrême-droite contestataires.
La composition du futur Parlement européen n’est cependant que partiellement révélatrice de l’équilibre des pouvoirs qui sous-tendra la politique européenne durant la prochaine législature. Les futures coalitions et majorités nécessaires pour nommer la Commission européenne et voter les textes législatifs dépendront en fait des principaux clivages politiques. Nous analysons donc l’évolution de ces clivages dans l’Union européenne, non seulement du point de vue des sciences politiques mais aussi dans une perspective historique, et décrivons leurs éventuelles conséquences sur le plan politique. Des évolutions du paysage politique pourraient ainsi conduire les majorités à s’appuyer sur des clivages liés à des valeurs sociétales sur certaines questions. Ceux-ci pourraient aboutir à réactiver la division gauche-droite sur des choix politiques portant sur des enjeux cruciaux tels que l’immigration, et non plus sur des divergences d’opinions relatives à l’intégration européenne susceptibles de conforter les majorités sur des questions constitutionnelles européennes, telles que la coalition nécessaire pour nommer la nouvelle Commission européenne.