Policy Paper 24

La Convention des Nations Unies sur les droits des migrants : un luxe pour l’Union européenne ?

Partout en Europe, on constate que la notion d’« intégration » des migrants est de plus en plus instrumentalisée dans le sens de la restriction de l’immigration. France, Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Grèce et de nombreux autres pays de l’Union l’utilisent dans le sens de l’exclusion plus que de l’inclusion. Ce Policy Paper consacré à la Convention des Nations Unies sur les droits de migrants ouvre un nouveau programme d’analyse sur cette notion d’intégration au sein de l’UE.

La question migratoire est devenue omniprésente dans l’actualité européenne. De fait, au-delà des images frappantes des dizaines de naufragés sur les plages espagnoles et des candidats malchanceux entassés dans des centres de rétention temporaire aux abords des aéroports et des ports, les migrations contemporaines interpellent la capacité d’intégration de nos sociétés et leur aptitude à respecter leurs traditions démocratiques. Elles mettent aussi sur la sellette les prétentions de l’Union européenne à s’imposer comme un acteur global. Si l’on admet que la compétitivité de nos économies européennes vieillissantes dépend leur capacité à accueillir efficacement les travailleurs étrangers, que le fonctionnement harmonieux du Marché Unique passe par une solidarité et une coopération accrues entre les Etats membres et que la cohésion de nos sociétés suppose une intégration réussie des immigrés réguliers, l’immigration occupe une place centrale dans le contrat européen tel que le définit souvent Jacques Delors : « la compétition qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit. »

 

Ce Policy Paper consacré à la Convention des Nations Unies sur les droits de migrants ouvre donc un nouveau programme d’analyse sur la notion d’intégration, dans le cadre de l’axe de recherches « compétition, coopération, solidarité ».

 

En proposant de revisiter l’utilité de la Convention des Nations Unies pour les pays européens à la lumière des réformes récemment adoptées par certains Etats membres, le texte de Marie Barral, rédigé en collaboration avec Stephen Boucher sous la direction de Manlio Cinalli, constitue une base de réflexion solide. En effet, il pointe douloureusement le doigt sur les dispositifs de plus en plus restrictifs qui s’imposent en Europe occidentale et qui se propagent par effet d’imitation d’un pays à l’autre. Il met ainsi en lumière les divergences croissantes entre, d’une part, des discours théoriques à vocation externe où prédominent les valeurs démocratiques, de tolérance, de non-discrimination et l’esprit d’ouverture, et d’autre part des pratiques dictées par des objectifs de sécurité et d’exclusion.

 

Sans surprise, le Policy Paper vient se joindre aux voix du Parlement européen, du Comité économique et social européen et de nombreuses organisations non-gouvernementales en plaidant pour une ratification de la Convention des Nations Unies par les Etats membres. Il aboutit aussi à la conclusion qu’il est urgent de construire une politique d’immigration légale européenne. C’est l’une des pistes que Notre Europe explorera plus en détail dans ses recherches futures.

 

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