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La négociation du budget post-2027 de l’UE: un premier test important pour la France et pour l’Europe
Chronique publiée en partenariat avec L’Opinion
Au sein de l’Union européenne, il y a peu de sujets aussi difficile que les négociations sur le budget pluriannuel de l’UE, qui détermine les priorités de l’Union en matière de dépenses pour une période de sept ans. Les discussions sur le prochain budget, couvrant la période 2028-2034, commenceront l’année prochaine et elles s’annoncent plus compliquées que d’ordinaire car l’UE est confrontée à de multiples demandes de dépenses. La nouvelle politique de sécurité et de défense, l’aide à l’Ukraine et l’élargissement vers l’Est et les Balkans occidentaux nécessitent des investissements de plusieurs centaines de milliards. En même temps, les politiques traditionnelles comme la Politique agricole commune (PAC) et la cohésion continueront de consommer une grande partie du budget de l’UE. Les vues traditionnellement très diverses des États membres sur le budget de l’UE rendront l’accord difficile ; à cela, il s’ajoute que dès 2028, l’UE devra payer entre 15 et 20 milliards d’euros par an pour rembourser capital et intérêts de la dette commune post-covid.
Une source majeure d’incertitude concernant l’issue de ces négociations réside en France. Selon les résultats des élections législatives actuelles et des prochaines élections présidentielles de 2027, la France pourrait adopter une position totalement différente dans ces négociations cruciales pour l’UE. Traditionnellement, la France fait partie des pays qui plaident en faveur d’un budget européen substantiel. En tant que deuxième plus grand contributeur après l’Allemagne, sa voix porte un poids significatif dans les négociations. Dans le passé, elle a utilisé cette influence pour défendre ses intérêts budgétaires mais a aussi joué un rôle crucial dans la facilitation des compromis. Aux côtés de l’Allemagne, la France a été à l’origine du plan de relance exceptionnel de l’UE après la Covid-19. Ces dernières années, elle a également été un fervent soutien de l’aide à l’Ukraine.
Or, s’il arrive au pouvoir, le Rassemblement National a annoncé son intention de demander une réduction de « deux à trois milliards » d’euros de la contribution de la France au budget de l’UE. Il est peu probable qu’il parvienne à obtenir une réduction de cette hauteur. La contribution nette de la France est d’environ 9 milliards d’euros par an. Or, mesuré en euros par habitant, elle est inférieure à celle des cinq pays bénéficiant actuellement de rabais budgétaires: l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Danemark. De plus, la France bénéficie largement du budget européen grâce aux aides de la Politique Agricole Commune. Il semble difficile qu’elle puisse obtenir un tel rabais tout en maintenant le même niveau d’aides agricoles.
Cependant, le budget pluriannuel de l’UE est adopté à l’unanimité, ce qui donne à tous les Etats un droit de veto. Si l’obtention d’un rabais devient la demande principale et unique de la France, elle peut réussir à obtenir une réduction même si inférieure à ses demandes. En revanche, tout l’effort sera concentré sur l’obtention de ce rabais et l’atténuation de la perte des paiements de la PAC. La France s’opposera à toute demande supplémentaire de fonds européens – que ce soit pour la défense, le soutien à l’Ukraine ou le financement des interconnexions énergétiques. En 2020, l’action de la France avait permis à l’Europe de mettre en place un ambitieux plan de relance post-COVID. En 2024, une nouvelle orientation politique en France pourrait considérablement réduire les ambitions budgétaires européennes.
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