Rapport

La présidence belge 2001

Notre Europe s’intéresse à la Belgique qui assumera la présidence pendant le second semestre 2001. Deux éléments sont à noter : le premier est que cette présidence s’est d’elle-même située à une charnière de la construction européenne (déclaration de Laeken et ouverture du « grand débat »). Le deuxième détail est qu’il s’agit d’un « petit » pays coutumier des grandes présidences.

PRÉFACE DE JACQUES DELORS


Dans la série des études consacrées au débat sur l’Europe dans le pays qui en prend la présidence semestrielle, Notre Europe est naturellement conduite à s’intéresser à la Belgique qui va assumer cette charge du 1er juillet au 31 décembre 2001. Il pourrait s’agir d’un travail de « routine », encore que nos pays développent à l’occasion de leur présidence des visions spécifiques dont la diversité est une des richesses de l’Europe.


Restent, pour le cas spécifique de la présidence belge, deux légers détails :

  • Le premier est que cette présidence s’est d’elle-même située à une charnière de la construction européenne. Elle doit en effet se conclure par une « déclaration de Laeken », du nom du lieu où se tiendra le Conseil européen des 15 et 16 décembre 2001, laquelle doit donner chair au « grand débat » voulu par le Conseil européen de Nice. Cette rencontre avec l’Histoire n’est pas uniquement liée au hasard des calendriers européens mais résulte d’une volonté délibérée de la Belgique d’être présente au rendez-vous du futur. l’idée d’une déclaration de Laeken est en effet née d’un communiqué conjoint des trois premiers ministres du Benelux (30 août 2000) reprenant une idée du Premier Ministre belge, Guy Verhofstadt, exprimée quelques jours auparavant (21 août). d’une certaine façon, la Belgique a délibérément choisi de faire de sa présidence la clé du futur de la construction européenne.


  • Le deuxième détail est qu’il s’agit en effet de la Belgique, « petit » pays coutumier des grandes présidences.

Lieven de Winter et Huri Tà¼rsan explicitent dans leur très solide travail les clefs de ce paradoxe : une identification quasi institutionnelle au projet européen, une expérience difficile de construction d’un « fédéralisme coopératif » respectueux d’identités particulièrement sourcilleuses, un incontestable savoir-faire dans l’art du compromis et de la soft governance.

Je tiens, pour ma part, à saluer ce double rappel de l’esprit des fondateurs de l’Europe : un « petit » pays peut être grand pour l’Europe lorsqu’il maîtrise l’alchimie des compromis productifs entre un couple franco-allemand qui n’a jamais exercé une fonction s’apparentant à un leadership ; la construction européenne est faite d’un subtil amalgame entre la vision prospective (la déclaration de Laeken) et l’acharnement quotidien (les 16 priorités de la présidence belge).


Après avoir remercié les auteurs de leur excellent travail qui me fournit, incidemment, l’occasion de mises au point qui me tenaient à coeur, il me reste à conclure sur un espoir et un message de confiance. Espoir que, gr ce à la présidence belge, les Quinze redonneront clarté et sens au projet européen. Message de confiance envers un pays de grande tradition européenne, doté d’une diplomatie de haute classe, dans l’inspiration laissée par les Pères fondateurs de l’Europe.