Policy Paper 10

La Turquie aux portes de l’Europe

A l’heure du rapport de la Commission sur la candidature turque, ce texte mesure l’enjeu de l’ouverture de négociations d’adhésion et montre que la perspective européenne a constitué le moteur d’un profond changement du système politique et de la société.

AVANT-PROPOS DE NOTRE EUROPE

Avec les controverses sur la ratification du Traité Constitutionnel, la réponse à apporter à la candidature turque constitue une des grandes questions qui animent le débat européen de cet automne. Les positions exprimées font d’ailleurs souvent le lien entre les deux sujets. C’est notamment parce que la Turquie pourrait peser de façon significative sur la prise de décision au sein de l’Europe élargie que l’éventualité de son adhésion en inquiète plus d’un. Elément remarquable, la ligne de fracture ne passe pas seulement entre les souverainistes et ceux qui souhaitent un renforcement de l’intégration. Au contraire, on trouve parmi ces derniers nombre d’Européens convaincus qui sont Aujourd’hui alarmés par la perspective d’un ultérieur élargissement, alors même que les finalités du processus n’ont pas été clarifiées et que la solidité du système institutionnel reste pour le moins incertaine.

Derrière ces craintes, on voit poindre l’ombre des frustrations accumulées par tous ceux qui ont déploré le fait que le dernier élargissement intervienne avant que cette indispensable clarification n’ait eu lieu. Voilà assurément une leçon à méditer : en démocratie, lorsque l’on escamote les débats, on risque fort de les voir resurgir sur des terrains inattendus.

Reste cependant que ce débat « de politique interne » laisse dans l’ombre l’autre versant de la question : où en est la Turquie ?

La Commission apportera bientôt sa réponse à cette dernière question, qu’elle assortira de recommandations à l’égard du Conseil européen. Sans doute mettra-t-elle en évidence à cette occasion l’ambitieux programme de réformes que la Turquie a mis en chantier au cours des dernières années afin de satisfaire aux fameux « critères de Copenhague », programme dont tous – même les adversaires de la candidature turque – s’accordent à souligner l’ampleur. Sans prétendre substituer sur ce point notre appréciation à celle de la Commission, il nous a paru utile d’apporter quelques compléments d’analyse par une étude des conditions politiques dans lesquelles ces réformes ont été mises en place.

L’étude de Jean Marcou et Deniz Vardar met bien en lumière l’étonnant retournement auquel on a assisté. Alors que la demande d’adhésion rencontrait au départ le scepticisme, voire l’hostilité, d’une bonne partie des forces politiques, elle est devenue depuis quelques années le vecteur essentiel de la modernisation du système politique et social turc, gr ce notamment à l’appui de larges segments de la société civile. Cela explique sans doute pourquoi le gouvernement actuel, dont l’arrivée au pouvoir avait été vu par beaucoup comme une manifestation de repli sur soi-même de la société turque, a au contraire choisi d’accélérer le rythme des réformes. Sans doute reste-t-il encore des zones d’ombre, notamment quant à la mise en oeuvre effective des textes législatifs adoptés.

En mettant sur la table cette contribution à l’analyse du dossier turc, notre ambition n’est pas de dicter la marche à suivre mais, plus modestement, d’apporter un éclairage supplémentaire au débat et de permettre à chacun, en ayant pris connaissance de divers travaux et avis, de se déterminer en connaissance de cause. Notre Europe

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