L’arsenal de défense commerciale de l’UE contre l’impérialisme de Trump

Donald Trump est connu pour être un maître de l’imprévisibilité. Mais l’orientation de son deuxième mandat est désormais claire. Elle menace l’avenir de l’Union européenne et des Européens. Il n’y a pas de temps pour les jugements moraux. Les Européens peuvent débattre de la fausseté du raisonnement économique de Trump, spéculer sur les procédures juridiques nationales, les freins et contrepoids ou une réaction du marché qui pourrait le ralentir. La priorité est de veiller à ce qu’une forte unité entre les 27 États membres permette une riposte vigoureuse. Cette stratégie de dissuasion sans précédent nécessite une volonté d’utiliser tous les instruments disponibles et de faire preuve d’innovation.
On s’attendait à ce que Trump recoure largement aux droits de douane pour réduire le déficit commercial record des États-Unis, qui atteint près d’un billion de dollars. Mais les premières annonces de la Maison Blanche suggèrent bien plus qu’un simple rééquilibrage des flux commerciaux. Trump II est très différent de Trump I. La séquence, les cibles, la portée et le niveau des droits de douane annoncés depuis le 1er février laissent le reste du monde sous le choc. Les menaces tarifaires associées à des objectifs non économiques (migration illégale et flux de fentanyl en provenance du Mexique et du Canada, ainsi que réglementations de l’UE), la prise de contrôle d’actifs stratégiques (ressources CRM du Groenland et de l’Ukraine) ou le comblement de l’écart avec les droits de douane des pays tiers illustrent une rupture claire avec toute contrainte juridique : accords commerciaux (USMCA et autres ALE), droit international (inviolabilité des frontières) et règles multilatérales (principe NPF de l’OMC).
Trump porte un coup dur au commerce mondial dans le but de rééquilibrer l’économie mondiale en faveur des intérêts américains. Cette décision repose moins sur des considérations économiques que géopolitiques. Assurer le leadership technologique des États-Unis est la principale préoccupation de Trump en matière de sécurité nationale, et l’innovation technologique croissante de la Chine fait obstacle à cet objectif. Le reste du monde est le terrain de jeu d’une stratégie prédatrice qui utilise des droits de douane associés à des mesures non tarifaires pour acquérir des actifs stratégiques et aligner les pays tiers sur les intérêts américains. La politique d’investissement « America First », dévoilée le 21 février, propose également des restrictions sur les investissements directs étrangers qui obligeraient à choisir entre le marché américain et le marché chinois, ou le marché d’« autres adversaires étrangers ou acteurs menaçants ».
L’éventail des possibilités qui pourraient être envisagées pour évaluer les droits de douane potentiels est suffisamment large pour se préparer au pire scénario, à savoir l’imposition de droits de douane massifs.
L’objectif principal de ce document est de dresser une liste détaillée des outils disponibles pour une stratégie de défense commerciale de l’UE (voir ci-dessous le tableau sur la justification, la procédure, les mesures autorisées et la probabilité) afin d’évaluer la capacité de dissuasion ou de rétorsion de l’UE.