Policy Paper 280

L’avenir énergétique de la France

Quelle politique pour le nouveau quinquennat?

Citer cet article:

Nguyen P.-V. 2022. «L’avenir énergétique de la France: quelle politique pour le nouveau quinquennat», Policy paper, Paris: Institut Jacques Delors, 21 juillet.


Remerciements : L’auteur souhaite remercier Camille Defard, Marie Degrémont, Marie Delair, Eliot Garnier, Leon Leuser, Sébastien Maillard, Thomas Pellerin-Carlin et Karin Thalberg pour leurs précieuses remarques.


Résumé

Longtemps considérées comme abondantes et abordables, les énergies fossiles ne le sont plus. La guerre en Ukraine et les tensions géopolitiques entretiennent une dynamique de prix élevés et extrêmement volatiles. Accélérer la sortie des énergies fossiles apparait donc comme le seul moyen de sortir des crises des prix de ces énergies et d’une dépendance devenue insoutenable. C’est avec cette nouvelle donne que doit composer la France, elle dont plus de 60% de la consommation d’énergie provient encore des fossiles.

Une telle sortie ne peut être improvisée. Elle doit être planifiée et concertée. Impulsée au niveau européen avec le Pacte Vert, l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 implique une transformation radicale de notre économie (de la manière dont on produit, consomme, se déplace…) qui devra notamment être appréhendée au sein d’une loi de programmation pluriannuelle des investissements climat.

Systémique, cette transition doit être l’affaire de tous. Cela vaut pour l’exécutif puisqu’un tel objectif ne concerne pas uniquement les ministères en première ligne mais bien l’ensemble du gouvernement. Cela vaut également pour les citoyens puisque la future orientation de la politique énergétique relève d’un choix politique. Ce dernier devra faire l’objet d’un débat impartial, transparent et inclusif permettant aux Français participer effectivement à la définition du mix énergétique de demain.

La décarbonation du mix énergétique passera par un recours accru à l’électricité. Décarbonée à plus de 90%, l’électricité est un atout sur lequel il convient de s’appuyer pour réussir la transition énergétique en moins de 30 ans. A court terme, cela implique de prolonger, autant que faire se peut, les centrales nucléaires existantes tout en développant massivement toutes les énergies renouvelables. En parallèle, un tel choix permettrait la tenue d’un débat citoyen sur l’avenir de la politique énergétique interrogeant la place des différentes sources d’énergies dans le futur mix mais aussi l’importance que pourrait avoir à jouer un levier comme la sobriété, thématique de plus en plus discutée dans le débat public.

Enfin, pour tenter de contenir la crise des prix de l’énergie dans une logique de justice sociale tout en conciliant les impératifs de souveraineté énergétique et de lutte contre le dérèglement climatique le recours à des mesures de sobriété énergétique est incontournable. Au-delà d’être une option sans regrets, une telle approche s’inscrirait également dans un contexte où l’énergie risque de manquer au cours de l’hiver 2022-2023. Afin de répondre à une telle urgence une campagne nationale de mobilisation avec un point d’étape hebdomadaire présentant l’état de la situation devrait être mise en place au même titre qu’une mission flash chargée de prépaper dès cet été le passage de l’hiver.[1]

Bâtir une politique énergétique sur base d’une méthode dite « AAA », mettant l’accent sur l’application effectives des mesures déjà existantes, l’accélération de mesures structurantes (rénovation profonde des bâtiments, déploiement des renouvelables) et l’anticipation des évolutions réglementaires européennes (Pacte vert) permettra à la France d’aménager sa sortie des énergies fossiles et ainsi repenser collectivement son rapport à l’énergie.

[1] Pour prendre connaissance des mesures recommandées concernant le passage de l’hiver, se reporter directement à la page 31.

 

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