Le système européen d’échange de quotas d’émissions de CO2

Le marché de droits d’émissions de gaz à effet de serre, en place depuis janvier 2005 pour lutter contre le réchauffement climatique, est victime depuis fin avril d’un mini-krach, les prix des crédits de carbone étant passés de 31 euros la tonne de CO2 à moins de 10 euros. Céder à la morosité européenne ambiante et conclure que le système est un échec serait toutefois une erreur : un an après sa création, le système européen d’échange de quotas d’émissions est un succès à consolider.
Ce nouveau marché doit répondre à des pressions divergentes. L’industrie se plaint qu’il nuit à la compétitivité de l’Europe. Face à la pression générale des prix de l’énergie à la hausse, certains demandent même sa suppression. Les ONG environnementales estiment au contraire que les quotas imposés devraient être plus stricts. Si aucune suite n’est donnée au protocole de Kyoto après 2012, il serait tentant de conclure que le système est coûteux et peu utile.
L’effondrement récent du prix des droits d’émissions s’explique pourtant par une règle économique simple : les quotas accordés par des Etats membres à l’industrie ont excédé leurs objectifs de réduction d’émissions de CO2. En réalité, vingt Etats membres sur vingt-cinq ont accordé trop de droits, du fait d’estimations des émissions exagérément prudentes et d’attributions de quotas généreuses. Trois leçons peuvent être tirées de cette situation.