L’élargissement de l’Europe : quelques conséquences pour la France

Le 9 octobre dernier, la France a semblé brusquement découvrir que l’élargissement était imminent, en lisant le rapport de la Commission européenne qui estimait que 10 pays (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Lettonie, Lituanie, Estonie, Chypre et Malte) pourraient rejoindre l’Union européenne en 2004 et que deux autres devraient attendre 2007 (Roumanie et Bulgarie). L’annonce du compromis franco-allemand à la veille du Conseil de Bruxelles des 24 et 25 octobre n’a fait qu’accroître l’impression que des décisions importantes, engageant le futur budget communautaire, se prenaient dans l’urgence.
Pourtant, l’élargissement a été programmé au Sommet de Copenhague de juin 1993 et c’est en toute connaissance de cause que nos Chefs d’Etat se sont mis d’accord à Berlin sur le Paquet financier 2000-2006, à Helsinki sur la candidature turque, à Nice sur la réforme des institutions et à Laeken sur la Convention.
Le fait est que, passé l’enthousiasme lié à la chute du Mur de Berlin, « le silence assourdissant » sur l’élargissement dénoncé en 2000 par E. Landaburu1 n’a pas souvent été rompu. Les sondages d’opinion réalisés régulièrement par la Commission européenne sur le thème de l’élargissement montrent que la population française persiste dans son scepticisme. Au dernier rang des Quinze, la France est même aujourd’hui le seul pays européen où les opposants sont plus nombreux que les supporters de l’élargissement. Donc, avec beaucoup de retard sur nos voisins, le travail d’explication n’en est que plus nécessaire pour faire comprendre quels sont exactement les enjeux, désamorcer les peurs non fondées et trouver des solutions adaptées aux réels problèmes. On peut se référer à de nombreuses analyses convergentes pour estimer que le futur élargissement aura des conséquences majeures, directes et indirectes, autant pour les actuels Etats membres que pour les candidats. Cependant, si le chemin peut paraître bien balisé, il reste quelques incertitudes ; elles justifient précisément l’ouverture d’un large débat pour anticiper les réponses de nature politique – et pas seulement technique – qui restent à mettre au point.