Rapport
Les Danois, l’Union européenne et la prochaine présidence
Le Danemark, qui va prendre le 1er juillet 2002 sa sixième présidence de l’Union européenne, est souvent considéré comme un cas à part et un modèle d’imprévisibilité. Les pratiques démocratiques de ce pays à forte personnalité l’ont conduit à être celui dont la population a été le plus souvent appelée à voter sur les questions européennes. Par deux fois, il a désavoué ses élites politiques : la première, sur la ratification du traité de Maastricht, puis sur la participation à la troisième étape de l’UEM, cultivant ainsi une certaine « exception danoise ».
Avant
propos de Jacques Delors
Soren
Dosenrode présente avec beaucoup de clarté les racines de ce « paradoxe danois
» qui oppose un sentiment réel d’appartenance à l’Union européenne à une
profonde réticence à s’engager dans tout débat sur l’intégration politique. Ce
faisant, il met à jour un autre paradoxe qui consiste, pour les élites
pro-européennes, à réduire l’intégration européenne au marché unique,
nourrissant par-là même les réticences d’une partie de l’opinion danoise à
l’égard d’une construction considérée comme exclusivement mercantile et
capitaliste.
Ces
paradoxes, qui avaient une fâcheuse tendance à se nourrir d’eux-mêmes, trouvent
leurs sources dans l’histoire complexe de l’Etat nation danois, ainsi que dans
le souci respectable de préserver la spécificité d’un modèle original de
welfare State. Selon notre auteur, ils ne doivent pas conduire à mettre en
doute l’attachement des danois à l’Union, qui se situe dans la norme
européenne. Mais les hasards du calendrier font bien les choses : ils amènent
la présidence danoise à jouer un rôle décisif dans la conclusion des
négociations d’élargissement, qui se trouvent être le sujet sur lequel, au-delà
de son neutralisme traditionnel, ce petit pays entend jouer sans réserves un
rôle politique majeur.
Le pronostic
de Soren Dosenrode selon lequel cette conjonction peut se traduire à la fois
par un succès pour l’Europe et un attachement plus affirmé du peuple danois
pour l’intégration politique, a ainsi toutes les chances de se réaliser. Cette
situation positive est d’autant plus appréciable que le calendrier de la
présidence danoise s’annonce considérablement chargé et demandera beaucoup de
détermination et de savoir faire. Je suis
reconnaissant à l’auteur d’en définir les grandes lignes… avant qu’elles
n’aient été rendues publiques ! En effet, le gouvernement danois, tout en se
préparant à ses responsabilités avec son sérieux habituel, se refuse à annoncer
tout programme avant l’échéance de la présidence espagnole, de façon à ne pas
gêner celle-ci. Dans la période de doute que traverse la construction
européenne et qui se traduit par des résultats électoraux préoccupants, les
optimistes incorrigibles dont je suis trouveront dans cette remarquable étude
quelques bonnes nouvelles rafraîchissantes.