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L’Europe du climat : vers une grande dissolution ?
Chronique publiée en partenariat avec L’Opinion
Une heure et une minute. En France, c’est la durée durant laquelle le nouvel équilibre politique institutionnel européen résultant des élections du 9 juin dernier aura été effectivement commenté.
Exit donc le sujet relatif à l’influence déclinante (Renaissance, les Ecologistes, Les Républicains) ou ascendante (Rassemblement National, Parti Socialiste/Place Publique, la France Insoumise, Reconquête) des eurodéputés français élus. Exit donc la question de savoir quel type de priorités la France aurait pu utilement pousser au sein du futur agenda stratégique européen qui sera adopté les 27 et 28 juin prochain. En tirant les conséquences nationales d’un scrutin européen alors qu’il avait déclaré que « la conclusion [des élections] sera donc d’abord européenne »[1], Emmanuel Macron s’est désavoué. Surtout, en dissolvant l’Assemblée Nationale, le Président a contribué à invisibiliser l’agenda politique européen. Un comble pour un Président ouvertement pro-européen. Un acte non sans conséquences, notamment pour une Europe du climat, toujours plus fragilisée.
Contrairement à ce qu’elle promettait, la poussée de l’extrême droite en Europe, symbolisée par le score historique du Rassemblement National (auquel il faut ajouter celui de Reconquête), ne conduira pas à une « abrogation » du Pacte vert européen. C’est ce que démontre notre analyse juridique qui étudie la faisabilité d’un détricotage total de l’ambition climatique contenue dans le Pacte vert européen. Néanmoins, sur la question climatique, l’essor des droites conservatrices et radicales au Parlement européen pourrait conduire à la formation de majorités ad hoc moins-disantes, (texte par texte), comme cela a pu être observé au cours de la mandature qui s’achève avec la loi sur la restauration de la nature ou le règlement sur les pesticides. Cela validerai une tendance de fond qui voit le curseur politique se déplacer vers la droite à l’intérieur même des groupes parlementaires, notamment chez les libéraux, et, dans une moindre mesure, chez les sociaux-démocrates.
Moteur dans la promotion de l’objectif européen de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) ainsi que des mesures législatives (Pacte vert européen) pour y parvenir, la France voit la portée de sa voix être considérablement affaiblie. Une situation qui serait exacerbée en cas d’arrivée de l’extrême droite française au pouvoir et qui pourrait porter un coup d’arrêt mortel à l’ambition climatique européenne. En effet, l’obtention d’une majorité progressiste au sein du Conseil de l’Union européenne (au moins 55% des Etats membres représentant au moins 65% de la population) serait rendue extrêmement compliquée pour ne pas dire impossible en cas de gouvernement dominé par le Rassemblement National. En parallèle, la mise en œuvre au niveau français des mesures du Pacte vert serait vraisemblablement retardée, à l’instar du déploiement des énergies renouvelables ou encore la rénovation énergétique des bâtiments. Cela pourrait également inciter d’autres partenaires européens gouvernés par la droite conservatrice à faire de même (Italie, Suède, Pays-Bas), mettant en péril la transition européenne.
L’instrumentalisation durant les élections européennes de l’épisode de ‘colère des agriculteurs’ l’atteste : l’extrême droite est parvenue à dicter les termes du débat politique concernant la question de la transition écologique. De la capacité des forces progressistes à inscrire cette dernière dans un récit plus général, à même d’articuler lutte contre le changement climatique et gains en termes de pouvoir d’achat dépendra le devenir du Pacte vert européen.
En 2019, l’action de la France avait permis, telle une onde progressive, de propager l’idéologie soutenant le Pacte vert européen. En 2024, la portée de sa voix pourrait, être réduite à celle d’une onde stationnaire, tiraillée entre deux forces contraires selon les résultats du scrutin électoral. Car s’il est national, ce dernier aura des répercussions européennes.
[1] https://www.latribune.fr/economie/politique/exclusif-emmanuel-macron-je-m-impliquerai-dans-les-europeennes-996919.html
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