Policy Paper 234

Mobilités propres : la voie européenne

Emilie Magdalinski, chercheuse au Jacques Delors Energy Center, analyse le rôle des véhicules électriques dans la transition énergétique.

Des millions d’emplois, deux heures par jour, un tiers de notre demande énergétique et une source majeure de pollution de l’air : voilà ce que représente le transport pour les Européens.
Alors que le mouvement français des gilets jaunes a soulevé la question du coût des transports et que les élections européennes approchent, comment les prochains décideurs européens pourront-ils offrir à tous les citoyens de l’UE des transports plus efficaces, plus propres et plus justes sur le plan social ?
Pour passer du système de mobilité polluant actuel à un système de mobilité propre, il n’existe pas de solution miracle. Cette transition peut néanmoins s’effectuer par une approche globale du défi : une réflexion sur l’aménagement urbain, une réduction et une optimisation des besoins de mobilité, la révolution numérique, de nouveaux modèles économiques, l’économie du partage, des changements de comportement et l’électrification.
Ce Policy Paper s’intéresse plus particulièrement au développement des véhicules électriques. L’UE doit agir rapidement, avec une vision globale et à long-terme de la transition énergétique. Tandis que l’industrie automobile européenne a ralenti le développement des véhicules électriques en Europe, le « Dieselgate » a érodé la confiance des citoyens dans les constructeurs automobiles mais aussi dans les responsables politiques. Désormais, la Chine et les États-Unis mènent la course dans le domaine des véhicules électriques, et l’Europe risque de perdre des secteurs clés de son économie ainsi que des emplois.
Dans le même temps, les villes ont joué un rôle positif dans l’évolution de la mobilité. Elles ont désormais besoin d’un soutien aux niveaux national et européen pour réaliser des économies d’échelle. Ainsi, la seule ville chinoise de Shenzhen compte aujourd’hui plus de bus électriques que tout le continent européen. L’action de l’UE est également fondamentale pour empêcher que les inégalités territoriales continuent à se creuser entre les villes et les zones rurales, mais aussi entre l’Ouest et l’Est de l’UE.
L’UE a déjà posé les fondements pour faire de la transition vers une mobilité propre un succès européen. Elle a adopté des normes de CO2 plus strictes pour les voitures, lancé l’Alliance européenne des batteries et mieux planifié le déploiement d’infrastructures de recharge électrique. Après les élections européennes de mai 2019, les nouveaux décideurs européens pourront s’appuyer sur ces bases.
Pour continuer sur cet élan, ce Policy Paper propose donc 1) de définir un calendrier de retrait progressif des voitures diesel et essence en Europe ; 2) d’accélérer le déploiement de points de recharge rapide des véhicules électriques dans toute l’UE et de s’assurer qu’aucun territoire ne soit laissé pour compte ; 3) de créer un Pacte social pour la transition énergétique qui prenne en compte les dimensions sociales de la transition en matière de mobilité. Soutenues par une approche globale, ces propositions aideront l’Europe à offrir une mobilité propre à tous les Européens.