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Nouvelle Commission – quelle ambition sociale pour l’UE ?
Chronique publiée en partenariat avec L’Opinion
En avril, les dirigeants européens se sont engagés, en signant la Déclaration de La Hulpe, à poursuivre la mise en œuvre du Socle Européen des Droits Sociaux, qui inclut 20 droits dont doivent bénéficier tous les Européens et constitue depuis 2017 la boussole de l’action de l’UE en matière sociale. La Présidente de la Commission européenne a dans ce cadre annoncé qu’elle présenterait en 2025 un nouveau Plan d’action sociale, suite à celui adopté à Porto en 2021.
Malgré cette ambition affichée, nombreux sont ceux qui s’inquiètent aujourd’hui d’un effacement de l’action sociale de l’UE dans les années à venir, notamment car la nouvelle Commission compte deux fois moins de membres issus de la famille social-démocrate que la précédente. Par ailleurs, la suppression du portefeuille de l’Emploi et des Affaires sociales, qui existait depuis les années 70, a créé la stupéfaction la semaine dernière à Bruxelles, comme l’a exprimé la Confédération Européenne des Syndicats. Le social sera porté par la Vice-Présidente Exécutive roumaine Roxana Mînzatu, qui sera en charge des « Personnes, compétences et préparation ». Même si l’emploi et les droits sociaux font partie de son portefeuille, l’intitulé envoie un signal politique peu rassurant.
Compétences et préparation
La Présidente Von der Leyen a fait le choix de mettre en avant dans le portefeuille social la question du renforcement du capital humain, à travers l’éducation et la formation tout au long de la vie. Face aux transitions en cours, notamment verte et numérique, la question du développement des compétences est de fait importante. Comme le disait Jacques Delors, « la formation tout au long de la vie est le catalyseur d’une société en mutation ». Avant tout pour garantir que personne n’est laissé pour compte et que chacun peut tirer profit des transitions. Mais aussi pour garantir que les entreprises disposent des compétences dont elles ont besoin pour réussir ces transitions, sachant qu’actuellement environ 75% des entreprises européennes déclarent avoir des difficultés de recrutement.
Une dimension sociale transversale
Pour autant, cette question ne doit pas relayer au second plan d’autres tout aussi importantes, telles que garantir des emplois de qualités, le bien-être au travail, la protection des droits sociaux, l’égalité entre les femmes et les hommes, des services publics de qualité ou la lutte contre la pauvreté. La Commission a souligné sa volonté de voir les questions sociales prises en considération dans les différents portefeuilles. Au-delà des initiatives portées par la Vice-Présidente Roumaine – telles qu’une première stratégie européenne anti-pauvreté, une feuille de route pour les emplois de qualité ou un nouveau pacte pour le dialogue social européen – d’autres initiatives sociales seront portées par d’autres commissaires. C’est le cas de la transition juste pour la Vice-Présidente Executive en charge de la transition verte, du « droit de rester » – comme l’a proposé Enrico Letta dans son rapport sur le marché unique – pour le Commissaire à la cohésion, ou encore d’un Plan européen pour un logement abordable pour le Commissaire au logement.
Ces initiatives sont bienvenues, mais il faudra veiller à ce que l’argument de la transversalité ne conduise à un effacement de l’ambition sociale. Si l’UE a fait des avancées importantes en matière sociale depuis 2019, c’est notamment parce qu’il y avait un Commissaire actif et déterminé, Nicolas Schmit, pour porter cette ambition. Roxana Mînzatu doit avoir la détermination, le soutien politique et les moyens d’honorer l’engagement européen de parvenir à une « Europe qui prend soin, prépare et protège ».
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