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25/04/05

Obtenir un ‘oui’: de Nice I à Nice II

Le gouvernement irlandais, en particulier le Premier ministre Bertie Ahern, souhaitait organiser le référendum sur le traité de Nice en juin 2001 afin que l’Irlande soit le premier État à ratifier le traité. Cela permettrait de retirer le référendum de l’ordre du jour avant les élections nationales de 2002. Le Premier ministre ne pensait pas avoir à mener une campagne référendaire difficile ou controversée. De son point de vue, le traité de Nice était un traité d’ordre administratif, essentiellement technique, destiné à faciliter l’élargissement. Étant donné que l’électorat irlandais avait ratifié des traités bien plus importants dans le passé, un vote favorable était attendu (voir tableau 1). Les deux partis au pouvoir se sont trompés dans leur approche et ont mené une campagne que l’on ne peut qualifier que de terne. C’est au Premier ministre et au ministre des Affaires étrangères qu’il est revenu de s’engager auprès des médias et du public sur cette question. Les autres ministres du gouvernement n’ont pas été actifs, pas plus que les principaux partis d’opposition. Ils étaient tous plus préoccupés par les élections nationales à venir. Seules trois semaines ont été consacrées à la campagne, ce qui était clairement insuffisant pour informer et convaincre le public.

Lorsque le gouvernement s’est rendu compte qu’il avait un problème, il était trop tard pour prendre des mesures correctives. Les sondages d’opinion indiquaient un soutien au traité, même si le « oui » était en baisse. Bien que des signes aient laissé présager un échec lors de la dernière semaine de la campagne, la plupart des commentateurs pensaient encore que le traité serait adopté, car tous les traités européens précédents avaient été approuvés à une large majorité. Lorsque les urnes ont été ouvertes le vendredi 5 juin 2001, un choc attendait le gouvernement irlandais, les institutions européennes et les pays candidats. Le traité a été rejeté par 54 % des voix contre 46 %, avec un taux de participation très faible de 34 %. La politique européenne de l’Irlande était désormais en perdition. Au lendemain du référendum, le gouvernement était confronté à un environnement extérieur et intérieur difficile. Sur le plan extérieur, le gouvernement a tenté de rassurer ses partenaires et les pays candidats en affirmant qu’il restait attaché à l’Union et que le rejet du traité ne signifiait pas un « non » à l’élargissement. Sur le plan intérieur, le gouvernement voulait créer les conditions qui lui permettraient de réorganiser le référendum sans être accusé d’ignorer la volonté du peuple irlandais. Sa tâche sur le plan intérieur était bien plus difficile que sur le plan extérieur.