Politiser l’Union ? Oui, mais comment ?

L’ambition et l’obstination de Simon Hix forcent l’admiration. Voilà maintenant près de dix ans qu’il a entrepris de démontrer, contre l’opinion dominante, que l’Union européenne n’est pas aussi singulière qu’on le dit, et que le déficit démocratique dont elle est affectée, s’il est bien réel, n’est pas une fatalité. Concevant et conduisant un vaste programme de recherche sur les attitudes politiques des élus européens, il entend démontrer que les formes de politisation qui nous sont familières – celles des systèmes partisans nationaux – sont aussi à l’œuvre dans l’Union, et dans son Parlement en particulier. Dès lors, il ne serait pas irréaliste de penser que l’Union pourrait un jour résoudre son problème démocratique : si la politisation des enjeux est ce qui permet l’appropriation du politique par les citoyens, et si elle est en germe dans l’Union, il suffirait de l’accentuer.
Cette démarche a le mérite de nous rappeler, à rebours d’un argument souvent entendu, que la légitimité de l’Union ne dépend pas seulement des politiques qu’elle produit, mais aussi de la manière dont elle les produit ; et que si les citoyens ne voient pas comment ils peuvent influer sur le cours des décisions européennes, ils sont en droit de considérer que le déficit démocratique de l’Union n’est pas un « faux problème ».