Policy Paper 185
Promouvoir l’Europe sociale : la quête du progrès pendant « l’ère Delors »
Dans quelle mesure l’Union européenne a-t-elle rejeté, adapté ou maîtrisé le tournant néolibéral qui a suivi la crise des années 1970 ? À partir du débat historiographique sur le modèle social européen, ce Policy Paper analyse le rôle de la Commission Delors dans la communauté atlantique des années 1980.
– comment Jacques Delors a-t-il conceptualisé la crise du modèle d’économie mixte d’après-guerre, comment a-t-il agi à la tête de la Commission ?
– en quoi est-il intéressant d’étudier la Commission Delors et en particulier son engagement
en faveur du modèle social européen, dans un contexte transatlantique ?
– comment et dans quelle mesure la Commission Delors a-t-elle tenté de contenir les pressions néolibérales des années 1980 ?
– enfin, que reste-t-il de tout cela ?
Alessandra Bitumi conclue que l’importance capitale du modèle social européen doit être comprise à la lumière de l’effort incessant pour dégager des consensus, ancrer un sentiment d’appartenance, assurer la légitimité d’une ambition politique et du discours qu’elle sous-tend.
Le modèle social européen est né d’un compromis entre pressions néolibérales, héritage social-démocrate et christianisme social. Si Jacques Delors n’a pas réussi à tenir les promesses d’une Europe juste, au sens premier du terme, ce Policy Paper, presenté lors d’un séminaire qui s’est tenu à Bruxelles en décembre dernier, souligne qu’il a su élaborer un « récit motivant » pour le vieux continent, récit qui a mobilisé les idéalismes et transcendé les aspects matériels. Son raisonnement intellectuel a contribué à tracer les contours d’une Europe particulière, à traduire l’Europe imaginée en projet d’avenir moderne. Comme le débat intellectuel du début des années 2000 l’a montré, le « récit moral » de Delors a sans doute été plus marquant dans la durée que ses réalisations politiques.