Que faut-il retenir de l’effondrement du Projet Constitutionnel Européen? Réponse à huit critiques

Je suis prêt à accepter beaucoup des critiques et réserves mises en avant par les participants à ce forum à l’égard mon scepticisme envers le renforcement de la participation et de la démocratie dans l’Union Européenne. Sur d’autres questions, il nous faudra rester sur nos positions1. Je reprends ci-dessous chaque critique à tour de rôle.
Mark Franklin apporte le soutien le plus vigoureux à l’élément décisif de ma critique du projet constitutionnel, à savoir que les électeurs n’ont tout simplement ni le temps ni l’envie de discuter en profondeur la politique de l’Union Européenne (UE), pour la simple raison qu’il y a peu de questions européennes qui les préoccupent. Son soutien sur ce principe est important car il est le seul participant à ce forum (moi compris) qui poursuive des recherches sur les convictions et comportements individuels des électeurs européens. Les résultats d’enquête dans l’UE, dont Franklin est l’un des spécialistes mondiaux les plus en vue, confirment sans équivoque l’affirmation que, selon son expression, les « électeurs ne sont pas si bêtes » et qu’ils ne vont pas s’émouvoir de débats quasi-constitutionnels peu « susceptibles d’affecter leur vie de manière appréciable. L’interprétation que donne Franklin des récents référendums va au cœur de notre accord : les électeurs « avaient affaire à une non-décision et la plupart d’entre eux ont réagi fort rationnellement en s’en désintéressant complètement – laissant par-là le champ libre aux extrémistes des deux bords. »