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Quels contours pour les politiques européennes à l’horizon 2020 ?

Synthèse des travaux du Troisième Forum Européen des Thinks tanks tenu à Paris les 19-20 septembre 2008

Synthèse des travaux du Troisième Forum Européen des Thinks tanks tenu à Paris les 19-20 septembre 2008.

Organisé avec la Fondation pour l’Innovation Politique avec le partenariat du Ministère des Affaires Etrangères et européenes, du German Marshal Fund et de l’Institut Aspen France, le troisième Forum européen des Think Tanks a rassemblé en séminaire fermé une cinquantaine de participants.

L’Europe est Aujourd’hui confrontée à plusieurs crises globales d’envergure majeure -financière, géostratégique, environnementale. Ces crises préfigurent le contexte mondial dans lequel l’Union européenne devra évoluer demain. Les traits saillants de ce « changement du monde » sont : le basculement du centre d’activité mondial vers l’Asie et vers le Sud, l’émergence d’un nouvel ordre géopolitique multipolaire, la remise en cause du système financier international et du modèle économique fondé sur l’épuisement des ressources naturelles.

Les intervenants au Forum ont souligné le décalage qui existe actuellement entre le formidable changement du monde depuis le début du nouveau millénaire et les difficultés pour que l’Europe s’exprime d’une seule voix. Quelle que soit l’issue du Traité de Lisbonne, quatre réformes institutionnelles semblent incontournables pour affronter dans de bonnes conditions ces crises : la présidence permanente du Conseil, le renforcement de la codécision du Parlement européen, le passage du vote à l’unanimité au vote à la majorité qualifiée et la représentation unique dans les institutions internationales. Pour réussir la réforme institutionnelle, les dirigeants européens devront faire preuve de volonté politique.

Les ateliers thématiques ont permis de formuler quelques recommandations plus précises sur la manière de faire face à trois défis d’importance majeure – gestion des ressources durables, solidarités, mobilité. Les intervenants du premier atelier ont souligné l’urgence et l’importance de la réponse européenne qui serait nécessaire pour relever le défi énergétique et du changement climatique. l’ampleur des ressources à mobiliser pour assurer la transition vers une agriculture, une alimentation et un système économique durables exige un effort budgétaire majeur à tous les niveaux. Concernant la solidarité, il y a consensus sur le fait qu’elle reste un paramètre fondamental du projet européen, mais la façon dont elle doit s’exercer fait débat. l’Europe peut aussi apporter des réponses aux problèmes sociaux à l’échelle mondiale, que ce soit en devenant un modèle à suivre ou une puissance normative. Enfin, les intervenants soulignent la nécessité d’améliorer l’action communautaire en faveur de la mobilité, en développant des actions ciblées pour les différents types de mobilité – économique et socioculturelle. Ils ont aussi plaidé pour un renforcement du rôle de l’UE en matière migratoire.

Les intervenants ont relevé plusieurs implications budgétaires pour relever ces défis. Tout d’abord, il apparaît nécessaire de réfléchir à la taille du budget. Cela ne signifie pas d’aller vers un budget très important, mais de faire en sorte que les dépenses soient un peu accrues. Ensuite, la qualité des dépenses communautaires doit être améliorée. Il est préconisé d’utiliser le budget européen comme levier d’action à différentes échelles (national, régional, local) ou comme complément à la régulation communautaire dans certains domaines. Enfin, la création d’une taxe européenne, comme ressource propre pour accroître le budget de l’UE est apparue nécessaire, mais davantage sous la forme d’une écotaxe, clairement liée à un grand défi.

Des inquiétudes ont toutefois été formulées quant au déroulement des prochaines négociations sur les perspectives financières après 2013. Pour dissiper ces craintes, les intervenants ont recommandé d’engager le débat sur les politiques avant celui sur le budget. Il est aussi apparu impératif que les négociations budgétaires soient davantage publiques afin que « les enjeux de ces négociations, qui engagent l’Union pour une période de sept ans, soient compris ».