Réaction de Jeremy A. Rabkin au texte d’Andrew Moravcsik sur le rejet du Traité constitutionnel

Je conviens avec Andy Moravscik que plus de « participation » n’est pas, en soi, un remède aux maux de l’Europe. J’ai toujours considéré le « déficit démocratique » comme un symptôme plutôt qu’une cause des problèmes soutendant l’intégration politique en Europe. Et je ne saurais contester le point de départ de Moravscik selon lequel on se disputerait moins autour de l’UE si on lui prêtait moins d’attention.
Mais je doute fort que l’Europe trouve sa stabilité dans un démembrement du Traité Constitutionnel en sections moindres qu’on appellerait « ajustements ». L’intégration européenne s’est épanouie dans les décades où la croissance économique et la stabilité internationale – imposée par les simplicités lumineuses de la guerre froide – avait restreint la gamme des débats politiques qui s’imposaient à l’Europe. Je ne pense pas que l’Europe en soit restée là. En conséquence, je ne pense pas qu’il faille s’attendre à ce que les Européens continuent à s’incliner devant des politiques présentées comme le fruit du « consensus » ou de l’expertise technique – plutôt que de discutables décisions politiques, forçant l’attention sur la question que cela implique : qui décide?
Commençons par l’économie. Les grands États, France, Allemagne et Italie, sont depuis dix ans en proie à une basse croissance et un chômage élevé. Moravscik a sans doute raison de dire que l’UE en soi n’empêche pas les gouvernements de ces pays d’entreprendre les réformes qui changeraient leurs perspectives économiques. Mais on trouve peu de soutien politique dans ces pays pour la contraction des dépenses sociales ou des contrôles du marché du travail qui pourrait mitiger ces problèmes. L’électorat de ces pays se veut mieux protégé, pas moins – des producteurs à bas prix d’Asie et des travailleurs immigrants, dans la course à l’emploi en Europe.