Policy Paper N°303

Résilience des chaînes de valeurs des matériaux critiques en France

La France a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

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Voïta, T. « Résilience des chaînes de valeurs des matériaux critiques en France », Policy Paper N°303, Institut Jacques Delors, octobre 2024


L’accroissement de la consommation française de métaux critiques est trop important pour que ses approvisionnements soient sécurisés à moyen-long terme. Ces difficultés d’accès aux métaux critiques pourraient ralentir voire menacer la transition énergétique, très gourmande en métaux, par exemple pour la fabrication de batteries ou l’extension des réseaux électriques. Les besoins en matière de lithium pourraient être multipliés par 8,7 d’ici à 2040, ceux de graphite par 3,9 et ceux de cuivre par 1,5. La France, disposant d’importants groupes automobiles et cherchant à accélérer sa réindustrialisation ainsi qu’à renforcer sa compétitivité internationale, est donc particulièrement exposée.

Le Rapport Varin, remis au gouvernement français début 2022 et resté confidentiel a permis plusieurs avancées dans le secteur, par exemple via la création de l’Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (OFREMI), d’un fonds dédié aux métaux critiques et géré par InfraVia Capital et par le renforcement de la diplomatie française des métaux. En parallèle, la politique industrielle nationale se renforce, notamment via France 2030 et la création de gigafactories de batteries, mais aussi avec des projets de réouvertures de mines (par exemple dans l’Allier, pour le lithium).

Ces ambitions et politiques se heurtent cependant à des limites de toutes sortes: technologiques (les fabricants chinois disposent d’une avance stratégique), financières mais aussi environnementales et sociales, les mines et métaux ayant d’importants impacts.

Plusieurs options d’offrent ainsi à la France :

  • Sécuriser l’offre, via :
    • Les partenariats internationaux, signés par l’Union européenne (UE) et la France – considérant que ceux-ci doivent être conditionnés au respect des normes environnementales, sociales et de gouvernance européennes, en particulier en matière de droits humains pour les Peuples Autochtones,
    • Le développement des activités domestiques minières et de raffinage, ce qui implique des dommages environnementaux importants et pose dès lors les questions de l’acceptabilité des populations locales et des usages des métaux extraits,
  • Limiter l’augmentation de la demande, voire à terme faire baisser la demande actuelle… :
    • En matières premières. via des politiques de recyclage et plus généralement d’économie circulaire, mais aussi la substitution vers des matériaux moins critiques,
    • En matières premières et secondaires via une amélioration de l’écodesign, une politique ambitieuse d’innovation afin d’améliorer l’efficacité des matières premières et réduire et leur usage, et des politiques de sobriété.

Le présent rapport propose ainsi comme principales recommandations :

  • Impliquer la Commission nationale du débat public, renforcer le débat démocratique et la transparence et renforcer les processus démocratiques sur les questions minières.
  • Mettre en place des mesures budgétaires et non budgétaires permettant de renforcer la compétitivité des industries française et européenne.
  • Accélérer la mise en place de politiques visant à réduire les besoins français, soit :
    • Renforcer la législation existante sur l’économie circulaire et le recyclage.
    • Introduire un concept d’éco-conditionnalité liés à l’usage des métaux dans le soutien aux industries liées aux métaux critiques.
    • Lancer une réflexion sur les usages des métaux et promouvoir la sobriété.
  • Promouvoir la coopération européenne.
  • Renforcer les exigences ESG pour les projets domestiques et les partenariats stratégiques.

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