Décryptage

Sobriété énergétique, l’année d’après

D’une sobriété de l’urgence à l’urgence de la sobriété

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Nguyen, P,-V. & Breucker, F. « Sobriété énergétique, l’année d’après », Institut Jacques Delors, Décryptage, Septembre 2024


Jusqu’à présent, la sobriété énergétique a été appréhendée comme un outil temporaire de gestion de crise, actionné en réponse à une flambée du prix des énergies fossiles (chocs pétroliers des années 70, choc gazier de 2021) plutôt qu’en objet politique à part entière susceptible de s’inscrire dans la durée. Alors qu’un nouveau plan de sobriété français devait être présenté à l’automne 2024, la dissolution de l’Assemblée Nationale a bouleversé le calendrier politique. Pourtant, plus que jamais, la réussite de la politique de décarbonation de la France dépend du passage d’une sobriété de l’urgence à des politiques consacrant l’urgence de la sobriété.

L’absence de majorité absolue au sein du Palais Bourbon oblige les députés à éprouver une nouvelle méthode de décision politique, celle d’un véritable parlementarisme. À défaut d’accord de coalition, la formation de majorité ad hoc, à savoir texte par texte, sera nécessaire. Parmi les sujets urgents, figure la détermination des grands objectifs de la politique énergétique et climatique de la France au sein d’une loi de Programmation Énergie Climat (LPEC). Possiblement transpartisane, puisque contenue au sein du programme du Nouveau Front Populaire, mais également dans le « pacte législatif » de la Droite républicaine (ex-LR), une telle initiative, serait l’occasion de mettre au débat les hypothèses de réduction de consommation et d’usages selon les horizons de temps. Dit autrement, de consulter les citoyens quant à leur degré de réceptivité ainsi que les conditions sousjacentes (temporalité, exemplarité des pouvoirs publics, investissements dans des alternatives bas carbone) permettant à des politiques publiques de sobriété structurelle de se déployer. En effet, afin de renforcer la crédibilité du récit autour de la sobriété énergétique et l’inscrire, de façon permanente, aux côtés des politiques d’efficacité énergétique et de substitution des énergies fossiles, comme un pilier à part entière de « l’écologie à la française », plusieurs conditions doivent être réunies.