Décryptage
Le Brexit à l’heure de la guerre commerciale
mauvais timing pour le « take back control »
Elvire Fabry, Chercheuse senior,et Micol Bertolini, Assistante de recherche, décryptent les enjeux commerciaux pour un Royaume-Uni pris dans la tempête du Brexit.
La crise politique britannique a occulté la transformation de l’économie politique du Brexit qui a eu lieu depuis le référendum de 2016. Pourtant l’objectif de ce vote, take back control, est bien plus difficile encore à atteindre dans un contexte international chaotique et fragmenté.
Le retrait de l’UE s’avère plus complexe que prévu. Au moment du vote, la question de la frontière irlandaise n’avait pas été anticipée et trois ans plus tard les modalités d’une sortie ordonnée continuent à alimenter d’intenses débats.
Par ailleurs, se retirer de l’UE ne suffit pas à doter le Royaume Uni (RU) d’une stratégie économique post-Brexit. Le slogan Global Britain, devenu le leitmotiv des Brexiters, est une aspiration nostalgique à retrouver l’influence de l’Empire britannique à partir « d’ambitieux accords commerciaux avec tous les partenaires du monde entier », bien plus qu’un plan concret pour renforcer l’attractivité du RU en dehors de l’UE.
Mais surtout, le contexte économique mondial est moins favorable à un Royaume-Uni autonome.
Le Brexit a été voté sur fond de mondialisation as usual. Alors que les coûts de délocalisation ne baissaient plus depuis le début des années 2000, on pouvait déjà observer un nouveau raccourcissement des chaînes de valeur. Néanmoins, la tendance restait celle d’une ouverture des marchés à travers le monde.
Aujourd’hui, le Brexit se matérialiserait dans un monde bien plus fragmenté. La régionalisation des chaînes de valeur esquisse un ralentissement de la mondialisation ou slow-balisation, auquel s’ajoute un renforcement de la dimension géopolitique du commerce avec une confrontation des grandes puissances régionales. La croissance du commerce mondial qui vient désormais en grande partie du secteur des services reste très dépendante de la proximité géographique. Par ailleurs, la résurgence aux Etats-Unis et en Europe d’une approche plus identitaire de la production et de la consommation et une demande d’engagement clair de la part des gouvernements contre le changement climatique, devraient renforcer cette régionalisation. Enfin, America first, la politique nationaliste de Donald Trump fondée sur le rapport de force plutôt que sur les règles et sa volonté de faire reculer la puissance économique chinoise, créent beaucoup de turbulences et d’incertitude pour les entreprises à travers le monde. L’alignement forcé sur les intérêts américains ou chinois devient la nouvelle règle pour éviter les sanctions et/ou s’assurer l’octroi d’investissements directs étrangers. Dans ce contexte mondial conflictuel, dans lequel la course au leadership technologique redistribue les liens de dépendance économique, take back control devient un tout autre défi pour le Royaume-Uni.
L’impact réciproque du Brexit et de ce nouveau contexte international requière plus d’attention. La rupture que provoquerait un Brexit sans accord – une option qui n’est pas encore exclue – ou, en cas d’accord, une forte divergence vis-à-vis des normes européennes, pourraient faire dérailler des prévisions économiques mondiales déjà moroses et créer un contexte plus défavorable encore au take back control. En outre, pour un pays représentant 2,2% du PIB mondial (PPA), s’écarter des normes européennes pourrait ne pas suffire pour retrouver une autonomie règlementaire. Le RU pourrait tout aussi bien se trouver exposé à un alignement alternatif plus contraignant.
SUR LE MÊME THÈME
ON THE SAME THEME
PUBLICATIONS
L’art de l’accord de l’UE : élaborer une réponse unifiée aux menaces tarifaires de Trump

Harris vs. Trump sur la politique commerciale : Le bon, le mauvais ou juste le laid ?

Vers une relation du Labour plus étroite avec l’Europe

L’UE et la Chine entre de-risking et coopération : scénarios à l’horizon 2035

[EN] Cartographie du commerce numérique de l’UE

Le levier de la politique commerciale pour l’autonomie stratégique de l’UE

Suspendre les préférences commerciales au retour des migrants

Après le Brexit, l’activité de produits dérivés en euros devrait quitter la City

Autonomie stratégique à l’ère du commerce post-covid

Quelle est l’efficacité de la différenciation dans le domaine de la politique économique de l’UE ?

Réduire les dépendances stratégiques de l’UE

Les ressorts de l’indépendantisme écossais

Après le Brexit, appliquer la « méthode Barnier » avec la Chine

Des attentes à l’action

RCEP : l’impact géopolitique d’un nouvel élan d’intégration commerciale

Verdir la politique commerciale de l’UE – 4
Comment « verdir » les accords commerciaux ?

LA GUERRE COMMERCIALE DE TRUMP : UN CHOIX ASSUMÉ

Brexit : comment échapper à la force de gravitation ?

Encadrer les aides d’État à l’ère post-COVID
le test du Brexit

La nouvelle économie politique du Brexit

Le Commerce en temps de pandémie

Is Brexit a game changer for EU external differentiated integration?

Brexit and External Differentiation in Single Market Access

Une proposition d’ajustement carbone aux frontières de l’Union Européenne

Covid-19 : l’urgence d’un contrôle renforcé des investissements étrangers

Brexit : le plus dur est à venir !

Les subventions au cœur de la guerre commerciale.
Un accord clé pour le multilatéralisme

Le Brexit n’a pas séduit les opinions publiques européennes, au contraire

Le Brexit va-t-il bouleverser le Parlement européen ?

La crise de l’OMC :
peut-on se passer du multilatéralisme à l’ère numérique ?

Verdir la politique commerciale de l’UE – 2 :
aspects économiques

Succès des Brexiters, échecs du Brexit

‘No deal’ Brexit and the EU budget:
beware the risk for EU unity

Guerre commerciale : « L’Europe peut encore peser »

Pour une politique commerciale plus verte et plus inclusive

Verdir la politique commerciale européenne : oui, mais comment ?

Soutenir le multilatéralisme dans un monde multipolaire: Que peuvent faire la France et l’Allemagne pour préserver l’ordre multilatéral ?

Brexit : ce que l’on sait et les grandes inconnues pour le Royaume-Uni, l’UE et les pays tiers, notamment la Corée du Sud

Le troisième acte de l’histoire européenne

Un nouveau référendum sur le Brexit ? Risques et avantages

Entre amputation et renforcement de l’unité de l’UE : quel Brexit ?

Quid de l’impact d’un Brexit No Deal sur les élections européennes ?

L’Europe face aux sanctions américaines, quelle souveraineté ?

Guide du Brexit et des flux de données

Brexit : scénarios potentiels en eaux turbulentes

Réformer l’OMC – avec ou sans les États-Unis ?

Sauver l’organe d’appel de l’OMC ou revenir au Far West commercial ?

Commerce international : l’Europe protège-t-elle ?

Dérèglement démocratique

Brexit : transition mode d’emploi

Droits et rôle du Parlement européen dans la politique commerciale commune

2018, année pour assumer le choix de l’Europe

L’impact possible du Brexit sur le budget de l’UE et sur la PAC

Comprendre la « facture du Brexit »

Protéger sans protectionnisme ?

L’avenir politique de l’Union européenne par Jean-Claude Juncker

L’accord UE/Royaume-Uni : beaucoup de bruit pour (presque) rien ?

Réussir le divorce britannique, stimuler le désir d’Union

Le Brexit et l’imbroglio frontalier irlandais

Le Brexit et l’espace de liberté, de sécurité et de justice

« Trump trade » : plus de peur que de mal ?

Le « Brexit » : drame britannique, défi européen

Joschka Fischer – « L’Europe après le vote britannique »

Plus forts ensemble – même à 27 !

Repair and prepare : l’euro et la croissance après le Brexit

Le « Brexit » entre europhobie britannique et euroscepticismes continentaux

L’avenir politique de l’Union européenne par Manuel Valls

L’avenir politique de l’Union européenne

La vision européenne de la France

La relance de l’UE à 27

Action extérieure de l’UE et Brexit : transformer un risque en opportunité

Brexit et budget de l’UE: menace ou opportunité?

Brexit : phases de la négociation et scénarios d’un drame en trois actes

Quel avenir pour l’Union des marchés de capitaux après le Brexit ?

Français et Européens : plus forts ensemble !

Enrico Letta sur les principales questions du Conseil européen de juin 2017

« Une souveraineté partagée pour contrôler des frontières déjà partagées »

La France : un terreau d’opposition au TTIP ?

Le TTIP et les pays tiers

Cameron : coup de poker sur l’Europe

Donner un nouvel élan à l’UE : vite !

L’ « ISDS » dans le TTIP : le diable se cache dans les détails

L’Organisation mondiale du commerce : nouveaux enjeux, nouveaux défis

Le « TTIP » à l’avant-garde du régime commercial international du XXIème siècle ?

TTIP : une négociation à la Pirandello

La mondialisation a-t-elle besoin d’une gouvernance mondiale ?

Think Global – Act European IV. Thinking Strategically about the EU’s External Action

Enjeux et perspectives d’une zone de libre-échange transatlantique

La stratégie commerciale européenne : promesse ou menace ?

Vers un marché transatlantique ?

Comment promouvoir les intérêts économiques européens en Chine ?

GB et UE : Anatomie d’un discours

Propositions du Forum Transatlantique

Rapport sur l’intégration en Asie de l’Est

Eloge du libre échange de Jagdish Bhagwati

L’Union européenne et le cycle de Doha après Hong Kong

MÉDIAS
MEDIAS
Ce qu’attendent les Britanniques de la nouvelle année

Le premier ministre britannique, Keir Starmer, se rend à Bruxelles pour « réinitialiser » les relations de Londres avec l’Union européenne

Keir Starmer à Bruxelles pour retisser le lien abîmé entre Royaume-Uni et Union européenne
