Policy Paper N°301

Une poussée à droite aux élections conduirait-elle à un changement de la coalition centrale au Parlement européen?

Analyse de la coopération entre les groupes politiques PPE et ECR

Note de Nathalie Brack, Professeure en science politique, Cevipol, Université libre de Bruxelles, et Awenig Marié, docteur en science politique et chercheur FNRS au Cevipol, Université libre de Bruxelles, pour l’Observatoire politique du Parlement européen de l’Institut Jacques Delors

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Brack, N. et Marié, A. « Une poussée à droite aux élections conduirait-elle à un changement de la coalition centrale au Parlement européen ? », Policy Paper n. 300, Institut Jacques Delors, avril 2024


À quelques semaines des élections européennes de juin 2024, beaucoup se posent la question d’une éventuelle reconfiguration des forces politiques au Parlement européen qui résulterait d’une poussée vers la droite, voire vers l’extrême droite.

Qu’en est-il exactement?

Cette note analyse les votes intervenus lors de la législature qui s’acheve, en particulier la nature de la coopération au cours de ces cinq années, entre le PPE (le grand groupe de centre droit) et le groupe ECR (dans lequel siègent notamment les députés de Fratelli d’Italia, le parti de la première Ministre italienne, Giorgia Meloni, et ceux du Pis polonais, qui était au pouvoir en Pologne jusqu’a l’automne dernier). Le groupe ECR (national-conservateur) est à distinguer du groupe d’extrême droite ID (Identité et démocratie), dans lequel siègent notamment le Rassemblement national français et l’Afd allemande, et dont les positions restent très isolées de celles des autres groupes.

Il ressort de notre étude que sur la plupart des dossiers législatifs, la « grande coalition » majoritaire pro-européenne composée des trois groupes PPE, SD (socio-démocrates) et Renew (centristes-libéraux) a, jusqu’à présent, constitué le bloc central. C’est en son sein que se réalisent les compromis et se trouvent les accords menant à un vote majoritaire. Même si le poids respectif des trois groupes, en particulier SD et Renew, devrait diminuer, cette situation devrait perdurer après juin 2024 selon les sondages actuels qui prévoient une poussée à droite contenue.

Toutefois, l’expérience récente montre aussi qu’en cas de rupture de cette grande coalition, le PPE s’associe plus volontiers avec la droite nationale-conservatrice (ECR) qu’avec le groupe libéral. Et aussi que cette géométrie varie selon qu’il s’agit d’économie, d’environnement, ou de migrations, le groupe Renew jouant un rôle clef en l’absence, durant cette législature, d’une possible alliance PPE/ECR capable de constituer une majorité alternative.

Ceci pourrait changer après juin 2024 si un mouvement vers la droite pouvait conduire le PPE, ou au moins certains de ces élus, à délaisser, sur certains thèmes, un partenariat avec Renew pour se tourner vers un groupe ECR lui-même soucieux de préserver son unité en se distinguant de sa propre droite, le groupe ID.

Ce travail de nos deux experts, Nathalie Bracq et Awenig Marié a été supervisé et discuté au sein de l’Observatoire politique du Parlement européen de l’Institut Jacques Delors (Paris), avec la participation de Pervenche Berès, Jean Louis Bourlanges, Monica Frassoni, Fabienne Keller, Pascal Lamy, Alain Lamassoure et Christine Verger.

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