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Une rentrée très politique…

Infolettre septembre 2024

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Matelly, S. « Une rentrée très politique… », Infolettre, Institut Jacques Delors, septembre 2024


L’été, vous en conviendrez, a été chaud au moins autant sur le plan politique que par la météo européenne. Sur le plan politique, il fit, peut-être et paradoxalement puisque la période suivait les élections européennes, moins chaud à Bruxelles qu’ailleurs. Au sein des institutions européennes en effet, les nouveaux députés prenaient leurs marques, les commissions se mettaient en place, sans grand fracas si ce n’est toutefois la création d’un nouveau groupe à l’extrême droite, les patriotes pour l’Europe devenant la troisième force politique du Parlement européen. Après sa réélection, le 18 juillet dernier suite à la présentation de ses priorités politiques, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen s’attelait à former son collège de commissaires.

La chaleur politique vint plutôt d’ailleurs que de Bruxelles. En France d’abord lorsque moins d’une heure après les premiers résultats sortis des urnes européennes, le Président français décidait de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives. Moins d’un mois plus tard, ces dernières ne donnaient aucune majorité à aucun parti, bloquant durablement la nomination d’un nouveau gouvernement et par là-même, les décisions politiques et toute réforme. Toujours en Europe, en Allemagne ensuite où la coalition gouvernementale semble aujourd’hui plus en difficulté que jamais. Et où, les toutes récentes élections régionales la fragilise encore plus si cela est possible. Le parti “Alternative pour l’Allemagne” (AfD) a réalisé un scrutin historique en remportant l’élection en Thuringe (première victoire pour ce parti dans une élection régionale) et il se place en deuxième position, juste derrière les conservateurs dans la Saxe.

Ces instabilités politiques dans deux pays, membres fondateurs de la Communauté européenne et moteurs de la construction européenne ne sont pas des plus rassurantes alors que les mois à venir s’annoncent décisifs à bien des égards. Ce n’est, qui plus est, pas une bonne nouvelle pour l’Europe au moment où se met en place la nouvelle Commission et où les défis auxquels font face les européens sont cruciaux pour leur avenir, depuis la guerre en Ukraine, le décrochage de l’économie européenne, l’élargissement, la relation au reste du monde en général, à la Chine ou à l’Afrique en particulier.

De l’autre côté de l’Atlantique enfin, c’est aux Etats-Unis que là-encore l’été fut plein de surprises. Après l’attentat qui aurait pu lui couter la vie, Donald Trump se présentait fin juillet à la Convention de son parti plus favori que jamais. Convaincu de sa fortune, il en profitait pour nommer un colistier, pale copie conforme de ce qu’il est et défend… C’était sans compter sur le retrait inattendu de Joe Biden qui renonçait, le 21 juillet dernier, à briguer un deuxième mandat présidentiel. Il passait le relais à sa vice-présidente Kamala Harris. L’enthousiasme déclenché par cette nouvelle candidature fut au moins aussi inattendu que le retrait du Président lui-même et se matérialisa par un renversement des sondages au profit des démocrates. Investie sans surprise lors de la Convention démocrate, fin août à Chicago, sa candidature a redonné espoir à une grande partie de l’Amérique mais aussi en Europe. Il faudra pourtant attendre le mois de novembre pour savoir qui gouvernera les Etats-Unis pour les 4 prochaines années…

Et après un tel été, la rentrée européenne va être animée par la constitution de la nouvelle Commission, la prise de fonction de sa Présidente et des Commissaires, de la Haute représentante, Kaja Kallas et du Président du Conseil européen, António Costa. Leur tâche s’annonce lourde et certainement compliquée face aux défis à relever, véritables rendez-vous avec l’histoire. L’Institut Jacques Delors, mais aussi nos deux sœurs à Berlin et Bruxelles, sommes d’ores et déjà engagés dans la réflexion pour des propositions utiles et constructives, toujours inspirées par la vision de Jacques Delors.

Dans leur récent décryptage « Sobriété énergétique, l’année d’après », Phuc-Vinh Nguyen et Fiona Breucker expliquent combien en matière de sobriété énergétique par exemple, la France doit passer de gestion de crise, actionné en réponse à une flambée du prix des énergies fossiles à une politique à part entière susceptible de s’inscrire dans la durée. De même, nos collègues de Berlin, Sebastian Mack et Johannes Lindner listent dans leur Policy Brief « Capital Markets Union: Europe must stop beating around the bush » les conditions encore à réunir pour réussir l’intégration des marchés financiers en Europe. Enfin, le centre Jacques Delors de Bruxelles propose dans son article « Towards a sustainable agri-food system in Europe Lessons from the last EU mandate and strategies for the future », des options politiques afin de soutenir, d’améliorer et d’adapter l’actuel programme d’écologisation de l’UE.

Sylvie Matelly 

Directrice de l’Institut Jacques Delors