Décryptage

Vers un salaire minimum européen ? Clarifions le débat

Sofia Fernandes, Chercheuse senior en affaires économiques et sociales à l’Institut Jacques Delors, analyse ce que pourrait signifier un Smic européen tel qu’il est évoqué dans les débats de la campagne des élections européennes.

À l’aube des élections européennes, l’idée d’instaurer un « salaire minimum européen » fait un retour en force dans le débat public et apparaît comme un moyen de renforcer la convergence sociale entre les pays, de lutter contre la pauvreté et, ainsi, de concrétiser l’« Europe sociale » aux yeux des citoyens européens.​
Ce décryptage vise à contribuer au débat autour de cette proposition en mettant l’accent sur trois questions. Avant tout, la forte disparité entre les salaires minimums nationaux est une réalité, mais il est utile de rappeler que le niveau des prix n’est pas non plus le même d’un bout à l’autre de l’Europe. Lorsque les écarts de prix sont pris en considération, les écarts de salaires restent importants mais se réduisent fortement. Ensuite, malgré cette disparité des salaires minimums dans l’Union européenne (UE), on constate une dynamique de convergence salariale vers le haut à l’œuvre au sein de l’UE. En effet, le salaire minimum augmente beaucoup plus rapidement dans les pays d’Europe de l’Est, qu’à l’Ouest de l’Europe. Le rattrapage salarial des pays où le salaire minimum est plus faible est enclenché, ce qui ne veut pas dire qu’il ne puisse pas être accéléré. Enfin, parler d’un « salaire minimum européen » n’est pas synonyme d’un même salaire minimum pour tous les pays, mais signifie plutôt d’instaurer un seuil minimal commun, adapté à la réalité de chaque pays (soit un salaire minimum en pourcentage du salaire médian ou moyen national). Différentes propositions sont avancées ; il est important de comprendre leur impact et de connaître la situation actuelle de chaque pays face au possible mécanisme européen à établir.