Policy Paper 33
Westminster en plein brouillard
Au printemps 2008, les parlementaires britanniques s’apprêtent à ratifier le Traité de Lisbonne. l’opinion publique britannique semble quant à elle considérer l’Union européenne comme une menace constante pour les intérêts économiques, politiques et constitutionnels du pays. Comment expliquer le marasme intellectuel et politique dans lequel est actuellement plongé le débat britannique sur l’Europe ? Pourquoi une telle dérive dans un pays dont la culture politique est si souvent vantée pour son réalisme ?
Envisagée sous l’angle politique et logique, l’opposition à l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne est un point de vue parfaitement défendable. Nombre de tenants de cette position l’ont d’ailleurs plaidée avec sincérité et justesse. En tant qu’Irlandais, je suis en profond désaccord avec la thèse selon laquelle l’intérêt national britannique résiderait en dehors de l’Union européenne. Je suis cependant tout à fait disposé à admettre que mon point de vue personnel en la matière n’est pas d’une grande importance.
L’objet de ce pamphlet est ailleurs, puisqu’il s’agit d’aborder un thème qui touche à l’intérêt légitime de tous les Britanniques, mais aussi de tous les habitants des autres États membres : je suis fermement convaincu que le débat national sur le rôle du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne pâtit trop souvent d’un manque de discernement et d’une charge émotionnelle excessive et incontrôlée. Malheureusement, cet excès d’émotion engendre parfois des réactions tout aussi irréfléchies de la part des partenaires du Royaume-Uni. Ainsi, les idées fausses qui présidèrent au rejet français du Traité Constitutionnel Européen ne sont que le reflet de celles qui circulent outre-Manche.
Dans les pages qui suivent, J’espère apporter ma pierre à l’édifice et contribuer à la tenue, ici et ailleurs, d’un débat européen plus solidement ancré dans la réalité et la logique. Ces deux notions sont depuis trop longtemps négligées dans le discours des détracteurs britanniques de l’UE – voire même, en certaines occasions, dans celui des europhiles. Les réflexions livrées ici reposent sur mon intime conviction qu’il est primordial que le Royaume-Uni, en tant qu’acteur de grande importance à l’intérieur de l’Union, adopte une attitude constructive vis-à -vis de la construction européenne – ceci tant pour les Britanniques eux-mêmes que pour leurs partenaires européens.
Peter Sutherland.
Version originale en anglais sur le site de Federal Trust