Nouvelle séance de pourparlers entre eurodéputés et représentants des Vingt-Sept, ce jeudi 20 mai. Les négociations pour parvenir à un accord sur le futur certificat sanitaire européen patinent pour déterminer ses contours. Rien d’étonnant, deux mois seulement après que l’idée a été soumise par la Commission européenne. Mais le temps presse à l’orée de la saison estivale : il est censé entrer en vigueur à la fin du mois de juin.

Il ne s’agirait pas d’un « passeport » mais bien d’un « certificat » sanitaire, insiste-t-on en interne. Le futur passe sanitaire européen – dont la dénomination officielle reste encore à trouver – ne serait pas obligatoire. Il devrait simplement servir à « faciliter » les allées et venues au sein de l’Union européenne (UE). Un certificat pour attester que l’on s’est fait vacciner, que l’on possède les anticorps après avoir été guéri ou que l’on a été testé négatif.

Il prendra la forme d’un QR code, à présenter sur papier ou téléphone aux frontières. « On ne crée pas une nouvelle base de données centralisée dans l’UE, il s’agit simplement d’une reconnaissance mutuelle des différents certificats », complète Isabelle Marchais, en charge des questions de santé à l’Institut Jacques Delors.

De la gratuité des tests

Mais certaines modalités restent toujours à définir. Premier point d’achoppement entre le Parlement européen et les États membres : la question de la gratuité ou du plafonnement du prix des tests PCR pour les non-vaccinés. Les eurodéputés s’inquiètent que tous les citoyens européens n’aient pas le même accès aux tests. Hormis en France, où ils sont gratuits et illimités, il faut débourser entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines d’euros pour se faire récurer le nez.

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Le Parlement propose de recourir à l’« Instrument d’aide d’urgence » pour financer tout ou partie de l’opération dans toute l’Union européenne. « Le même outil qui a été utilisé pour payer les vaccins », souligne Isabelle Marchais. Les Vingt-Sept n’ont pas pour l’instant pas donné leur accord.

Quarantaine et reconnaissance des vaccins

Autre point de tension : l’imposition ou non de quarantaines pour les détenteurs du passe sanitaire. Le Parlement européen défend une libre circulation totale dans l’UE. Mais dans les faits, les États membres, et non l’UE, ont compétence pour gérer leurs frontières. Ils entendent pouvoir continuer d’adapter les règles en fonction de l’évolution de l’épidémie.

Reste la question de la reconnaissance de tous les vaccins. Ne seraient pour l’instant éligibles au certificat que les personnes vaccinées à l’AstraZeneca, au Pfizer/BioNTech, au Moderna ou au Johnson & Johnson. C’est-à-dire aux vaccins ayant obtenu le feu vert de l’Agence européenne du médicament (AEM). Les vaccins chinois et russes sont exclus pour le moment. La Hongrie, qui a importé des millions de doses de Spoutnik V (russe) et de Sinopharm (chinois) se retrouve donc en porte-à-faux. À défaut d’harmonisation entre les États, ceux qui auront reçu l’un ou l’autre devront se retrancher sur un test PCR pour prouver leur état de santé.

Il faut sauver la saison touristique !

En attendant un accord, de nombreux pays européens ont commencé à plancher sur leurs propres passes sanitaires. Il y va de la survie de la saison touristique 2021. L’UE est parvenue, mercredi 19 mai, à un accord pour ouvrir ses frontières aux visiteurs étrangers totalement vaccinés avec l’un des vaccins autorisés par l’AEM. Elle doit maintenant se mettre d’accord sur les règles entourant la circulation de ses propres ressortissants.

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Si les négociations échouent ce jeudi, il faudra compter sur les chefs d’État et de gouvernements, afin de « mettre la pression lors du sommet des 24 et 25 mai », imagine Isabelle Marchais. L’accord devra ensuite être validé par le Parlement européen, sans doute lors de la plénière qui se tiendra du 7 au 10 juin prochain, avant que le certificat n’entre en vigueur.