Report

Boost the spirit of Euro-Mediterranean cooperation

In French only. The next political meeting to be held in Naples in November. The Foreign Ministers of the twenty-seven member countries then wonder about how to give a new impetus to this cooperation.

AVANT-PROPOS DE BERTRAND DE LARGENTAYE

Le
prochain rendez-vous politique doit avoir lieu à Naples, au mois de
novembre. Les ministres des affaires étrangères des vingt-sept pays
adhérents s’interrogeront alors sur la manière de donner un souffle
nouveau à cette coopération. Prenant appui sur les travaux des meilleurs
spécialistes, et en particulier sur ceux de l’ambassadeur Jean-Pierre
Courtois et de Rémy Leveau, ainsi que sur la communication de la
Commission européenne en date du 11 mars 2003, Bénédicte Suzan, chargée
de recherche à la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques,
revient ici sur un sujet qui lui est cher.

On
compte en effet, au nombre de ses publications, « La Méditerranée,
enjeu et objet des puissances internationales », « La stabilité en
Méditerranée après le 11 septembre 2001 », « September 11th and The
Barcelona Process », « La présence de la VIème flotte américaine en
Méditerranée, une remise en question ? ». Elle commence par rappeler les
origines d’une coopération dont les trois volets sont calqués sur les
trois corbeilles de la déclaration d’Helsinki de 1975 : affaires
politiques et sécurité, affaires économiques et sociales, affaires
culturelles et humaines. Il s’agit, pour résumer, de promouvoir les
réformes démocratiques, la libéralisation de l’économie et
l’indépendance de la société civile.

Le
Conseil européen d’Essen (9-10 décembre 1994) avait déjà constaté que
la Méditerranée constituait pour l’Union européenne une zone prioritaire
d’importance stratégique. La région est appelée à devenir un « espace
de paix et de prospérité partagée », obéissant aux prescriptions d’une
Charte euro- méditerranéenne, tandis que la création d’une zone de
libre-échange est prévue à l’horizon 2010. Le programme MEDA qui en est
la traduction concrète et pour ainsi dire budgétaire, avec des dotations
annuelles de l’ordre du milliard d’euros, s’inspire largement du
programme PHARE des débuts, quand celui-ci n’était pas encore un
programme de préadhésion.
On
notera que le processus de Barcelone a été maintenu bien distinct, dès
l’origine, du processus de paix israélo-palestinien, et, par ailleurs,
qu’il a lui- même servi de référence au moment du lancement de la
dimension septentrionale, cette initiative finlandaise visant à
développer les liens entre le nord de l’Union européenne et sa voisine,
la Russie du nordouest. l’auteur examine et mesure les enjeux de cette
coopération, qu’ils lui soient propres ou dérivés, comme celui de la
PESC. La politique étrangère et de sécurité commune sera en effet jugée
d’abord à l’aune de ses résultats dans le voisinage immédiat de l’Union.
Les cadres géographiques choisis pour les quatre premières stratégies
communes en témoignent.
Un
succès de la coopération euro-méditerranéenne ne pourra être que de bon
augure pour le développement subséquent de la PESC dans le sens d’une
plus grande intégration autant que dans celui d’une extension de ses
horizons. l’attention du lecteur est aussi appelée sur les conflits
d’intérêt, et même sur les rivalités, qui opposent Européens et
Américains dans cette région alors que l’alliance atlantique est
elle-même lancée dans un dialogue méditerranéen depuis 1994. Les
Américains défendent deux intérêts vitaux, le libre acheminement du
pétrole et la sécurité d’Israël. La région leur apparaît comme un des
maillons clefs pour assurer leur maîtrise du Proche Orient et de l’Asie
centrale et mineure, qui sont, pour de nombreux analystes, au coeur de
leur dispositif. Ainsi Américains et Européens ne partageraient pas la
même vision d’une Méditerranée stabilisée.
La
manière de voir américaine serait moins intégrée à une vision globale
des enjeux de sécurité. Sur un tout autre plan, l’auteur relève la
modicité du commerce intra-régional, qui ne représente que 5% des
échanges de la rive sud, et s’interroge sur les raisons qui expliquent
la lenteur des débours des crédits communautaires dans les années qui
ont suivi la déclaration. l’étude s’achève sur une série de
recommandations associées à chacun des trois volets. On relèvera le
choix du recours au mécanisme de la coopération renforcée pour
développer la relation avec un pays comme le Maroc qui souhaite aller de
l’avant et qui pourrait entraîner derrière lui les autres pays du
Maghreb : la constitution d’ensembles sous-régionaux ne doit pas être
négligée.
On
notera également l’aspiration à un système de sécurité collective dans
le cadre de la Charte euro- méditerranéenne dont l’adoption a été
reportée. A ce propos, l’auteur renvoie à la recherche de
complémentarités avec le dialogue méditerranéen de l’alliance atlantique
dont il vient d’être question. La mise en place d’une zone de
libre-échange en 2010 pourrait aussi s’avérer prématurée, si l’on en
juge d’après la consistance des économies de la rive sud, qui reposent
encore très largement sur des micro- entreprises familiales peu à même
de résister à la concurrence qui en résulterait.

La
question la plus épineuse, celle qui donne lieu aux revendications les
plus fortes des pays de la rive sud, reste, bien sûr, celle de
l’immigration. Le Nord est enfermé dans ses contradictions : le chômage
de masse le conduit à se montrer restrictif tandis que les besoins de
financement des systèmes de retraite par répartition, sans compter la
référence inévitable aux quatre libertés, à commencer par la liberté de
déplacement des personnes, devraient l’inciter à se montrer beaucoup
plus ouvert.