[EN] Le coût économique de la non-adhésion à Schengen: ce que révèlent les chiffres

Ce document d’orientation rédigé par Anna auf dem Brinke, chercheuse à notre bureau en Allemagne, l’Institut Jacques Delors – Berlin, montre comment la fin de Schengen compromettrait la zone euro, le marché unique et le processus d’intégration européenne. Il explique qui devrait sauver Schengen et pourquoi.
Schengen est synonyme de libre circulation et constitue une réussite européenne. Mais l’accord de 1995 est soumis à une pression considérable de deux côtés : l’afflux sans précédent de réfugiés et la menace terroriste. Plusieurs pays de l’espace Schengen ont introduit des contrôles frontaliers temporaires. Si l’on ne sait pas encore comment ces mesures permettront de relever ces deux défis ni s’il existe une meilleure solution européenne au problème, il est certain que les contrôles aux frontières auront un coût économique.
Selon différentes études, les coûts les plus importants concerneraient le commerce (environ 11047 milliards d’euros par an). À cela s’ajouteraient les coûts pour les navetteurs, le tourisme et les contrôles aux frontières proprement dits (environ 506 milliards d’euros par an). Au total, ces pertes économiques, qui pourraient atteindre 63 milliards d’euros par an dans l’espace Schengen, pourraient menacer la stabilité de la zone euro et nuire à l’efficacité du marché unique européen. De plus, compte tenu de l’importance de l’ouverture des frontières pour l’intégration européenne, la fin de Schengen pourrait donner l’impression d’un affaiblissement de la capacité de l’Europe à résoudre les problèmes.
Schengen peut-il être sauvé ? Il pourrait s’agir d’un problème d’action collective. Schengen profite à tous. Cependant, les coûts individuels liés à son sauvetage pourraient l’emporter sur les avantages collectifs. Dans ce cas, il est notoirement difficile de mobiliser une coalition. Il devrait néanmoins y avoir un recoupement des intérêts pour éviter les dommages économiques, afin qu’une coalition puissante puisse émerger. Ce camp pro-Schengen devrait avoir un argument de poids en sa faveur : maintenir Schengen sera toujours l’option la moins coûteuse.