[EN] Panique aux frontières: l’Europe sous pression alors qu’elle ferme ses portes

La peur en question est principalement utilisée par les politiciens des partis populistes ou par l’establishment militaire britannique, qui comparent souvent la récente vague d’immigration à un « tsunami » ou à l’invasion des Huns, des Goths et même des Vandales. Eric L’Helgoualc’h souligne que cette idée n’est pas nouvelle, que Raspail l’avait déjà utilisée en 1973 lorsqu’il avait prédit la fin du « monde de l’homme blanc » après qu’il ait succombé à une invasion massive de populations issues de pays sous-développés. Si la peur du retour de la guerre a été le ciment qui a initialement lié la construction européenne, la peur d’une invasion peut-elle aujourd’hui donner un nouvel élan à l’UE ?
L’idée derrière ce livre repose sur un paradoxe qui a frappé l’auteur : c’est sur les plages d’Espagne qu’il a découvert l’Europe alors qu’il était étudiant Erasmus, et c’est sur ces mêmes plages du sud de l’Espagne qu’il a vu des gens accueillis à coups de matraques parce qu’ils étaient étrangers. Eric L’Helgoulac’h est à la fois déçu et étonné par la direction prise par l’UE sur la question de l’immigration. L’auteur va même jusqu’à poser l’hypothèse d’une forme de schizophrénie entre l’idéal européen et une politique d’immigration de plus en plus répressive.
Il est tout aussi surpris par l’apathie généralisée à l’égard de cette question, comme en témoigne l’absence de réaction de la plupart des organisations qui soutiennent le projet européen (il cite notamment le Mouvement européen France ou la Fondation Schuman), probablement trop occupées à réfléchir à la crise financière qui menace la zone euro.