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Hommage en souvenir du « constructeur de l’Europe », Tommaso Padoa-Schioppa (1940-2010)

Les membres du Conseil d’administration de l’Institut Jacques Delors rendent hommage ce 18 décembre 2020 à celui qui présida notre think tank de 2005 à sa mort survenue il y a exactement dix ans.

En cet anniversaire de sa disparition, notre Président, Enrico Letta, écrit :

« Au cours de cette incroyable année 2020, je me suis souvent demandé ce que Tommaso aurait pensé des énormes changements que ces événements portent à l’Union européenne, en train de grandir et de devenir plus solidaire. Je suis persuadé qu’il aurait accueilli ces changements avec enthousiasme. Ce même enthousiasme avec lequel il avait participé, alors qu’il oeuvrait au cœur des décisions européennes, à la construction de la nouvelle Europe issue de la chute du Mur de Berlin, aux côtés de notre fondateur, Jacques Delors. Cette année 2020 l’aurait probablement conforté dans l’idée qu’en matière européenne il ne faut pas avoir peur d’imaginer l’insurmontable. Et il nous aurait poussé, à l’Institut, à multiplier nos énergies et nos activités pour soutenir la réalisation d’avancées européennes qui, jusqu’à hier, étaient seulement conçues mais paraissaient hors d’atteinte, comme la relance budgétaire européenne. Dédions ces nouvelles réalisations concrètes à Tommaso. »

Notre Président-fondateur, Jacques Delors, s’associe aux propos d’Enrico Letta et nous déclare : « Je me souviens du remarquable constructeur de l’Europe que fut Tommaso. C’est avec admiration et émotion que je me remémore cet homme qui m’a beaucoup appris ».

Au lendemain de son décès, Jacques Delors avait célébré sa mémoire dans les colonnes de la revue Commentaires dans un article disponible ici.

Pascal Lamy, Président emeritus de l’IJD, ajoute « ce mot, dix ans après que Tommaso nous ait quitté, pour redire combien il a compté pour le développement de l’entreprise que Jacques Delors avait initié quinze ans auparavant en créant Notre Europe. Sa pensée, chacun le sait, avait beaucoup marqué Jacques depuis longtemps. Il aurait pu se contenter de ce rôle d’influence qu’il exerçait avec tant de talent. Il a voulu aller plus loin en concevant une ‘deuxième sœur’ à Berlin, comme le dit Henrik Enderlein, son disciple. Et ces deux sœurs en ont maintenant une petite troisième à Bruxelles. De quoi faire vivre, approfondir, décliner, l’esprit d’union profonde des Européens qui l’animait. Cet esprit reste, en grande partie grâce à lui, la marque de fabrique des  deloriens que nous sommes ».

Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’IJD se souvient « il m’intimidait. C’est ce mélange de très grande culture et de constante simplicité qui me fascinait. Son livre, Contre la courte vue, fait partie des must que je fais lire aux étudiants. J’adore ce tire : il résume assez bien hélas le mal qui nous accable aujourd’hui. »

Toujours en souvenir de Tommaso Padoa-Schioppa, son autre compatriote, Riccardo Perissich, « (souligne) deux qualités de celui qui fut un collègue éminent et un ami fidèle. Il partageait avec Jacques Delors la qualité rare chez un intellectuel de savoir marier la profondeur de la pensée et l’efficacité de la communication. Il était aussi, comme son ami et mentor Carlo Azeglio Ciampi, capable d’inspirer en même temps une forte passion européenne et un inébranlable patriotisme italien ».

Elisabeth Guigou se remémore « Tommaso : un sourire lumineux, des yeux malicieux, une intense capacité d’écoute, une grande bienveillance, un humour à toute épreuve, un don pour l’amitié. Et aussi une immense culture, une intelligence fine et tranchante comme un laser, un économiste rigoureux et soucieux du progrès social. J’ai fait sa connaissance en 1989 sous la présidence française ou a été décidée la convocation de la conférence intergouvernementale sur l’Union économique et monétaire, grâce aux efforts conjugués de Jacques Delors, François Mitterrand et Helmut Kohl. Mais avant, pendant et après cette décision historique, Tommaso Padoa-Schioppa a été l’artisan talentueux et obstiné du cheminement ardu vers la monnaie unique ».

Pour le député Jean-Louis Bourlanges, aussi membre de notre CA : « Tommaso aurait souffert ces dernières années de voir l’Europe s’éloigner de tout ce qu’il aimait en elle, et qui est exactement ce que nous aimions en lui : la paix des âmes et la volonté d’avancer. Je pense qu’il se réjouirait aujourd’hui de voir les Européens renouer, fût-ce dans la brume et les efforts, avec leur ambition originelle. Nous aimons trop l’Europe pour ne pas penser à lui avec une émotion intacte ».

« Tommaso Padoa-Schioppa avait une intelligence lumineuse, des convictions fermes, un art de gouverner où la recherche du consensus n’excluait pas la capacité à decider”, complète Sophie-Caroline de Margerie : « Il faisait preuve envers chacun de la plus parfaite courtoisie, celle qui, au-delà des formes, manifeste le respect d’autrui. Il savait diriger, il savait écouter, il savait sourire ».

« Écrire c’est rayer. Cet adage d’un éminent auteur compatriote, qu’il aimait à citer, m’accompagne toujours. Nul ne peut mieux traduire sa manière d’être politique, pertinente et concise », estime Christian Stoffäes.

Pour sa part, Laurent Cohen-Tanugi « garde un souvenir ému de la tournée américaine que Tommaso avait décidé d’entreprendre peu de temps avant sa disparition pour faire mieux connaître Notre Europe à nos amis des think-tanks américains à Harvard, New-York, Washington.. ‎ Ce fut un moment d’intimité privilégié et très chaleureux.»

Gaëtane Ricard-Nihoul, qui participa à ce déplacement et travailla directement auprès de Tommaso Padoa-Schioppa à l’Institut, témoigne : « J’ai eu l’immense chance d’avoir Tommaso Padoa-Schioppa comme Président pendant cinq des sept années que j’ai passées comme Secrétaire Générale de Notre Europe. Son sourire déterminé, sa persévérance d’inlassable militant et idéaliste européen, son unique expertise d’érudit et de praticien, nous manquent terriblement, tout comme sa présence bienveillante. Notre Europe devenu Institut Jacques Delors lui doit beaucoup. En ce triste anniversaire, toutes mes pensées vont à sa famille et à ses proches, et tout mon espoir vers cet idéal européen qui l’animait. »

 


Repères biographiques :

1940 : Naissance à Belluno (Italie)

1979-1983 : Directeur général pour l’Économie et les Affaires financières de la Commission des Communautés européennes

1984-1997 : Directeur général adjoint de la Banque d’Italie

1988-1991 : Président du Comité consultatif bancaire de la Commission européenne

1988-1989 : Co-rapporteur du Comité Delors pour l’étude sur l’Union économique et monétaire

1993-1997 : Président du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire

1998-2005 : Membre du Comité exécutif de la Banque centrale européenne

2005-2006 : Président de la Fondation de l’IASC (International Accounting Standard Committee)

2006 – 2008 : Ministre de l’économie et des finances (Italie)

2007-2008 : Président du Comité ministériel du Fonds Monétaire International

2005-2010 : Président de Notre Europe – Institut Jacques Delors


 

Pour un dossier complet sur la vie et l’œuvre de Tommaso Padoa-Schioppa, nous vous conseillons le site du CVCE (Université du Luxembourg)

L’Institut Jacques Delors est un think tank européen fondé par Jacques Delors en 1996 (sous le nom de Notre Europe), à la fin de sa présidence de la Commission européenne.

Contact presse : Lara Martelli, martelli@delorsinstitute.eu, +33 6 28 78 85 64