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Couteau, B. « Influences rivales dans les Balkans occidentaux : Réalités et limites », Décryptage, Paris : Institut Jacques Delors, novembre 2023

La route qui mène à l’Union européenne est sinueuse. Pour les pays des Balkans occidentaux1 qui cherchent à la rejoindre depuis une vingtaine d’années, la longueur du processus d’adhésion — plus que pour n’importe quelle adhésion précédente — a en plus eu l’effet pervers de faciliter l’incursion de puissances rivales dans la région. Ils payent donc au prix fort leur « non-adhésion », certaines influences, russe et chinoise en tête, tentant de concurrencer le modèle européen de développement de la région et entravant ainsi son intégration à l’UE, témoins de son impuissance à l’accueillir en son sein.

Cet élément supposé de fragilité, de porosité des pays de la région aux influences tierces, est par ailleurs brandi de manière croissante par les opposants à un nouvel élargissement de l’UE pour couvrir d’opprobre leurs candidatures. Il attire aujourd’hui plus que jamais l’attention des médias comme celle des milieux académiques et des think tanks, au risque de développer, intentionnellement ou non, une perception fantasmée et exagérée de la concurrence locale entre puissances externes.

Que cette concurrence soit entretenue par la volonté souveraine des États de la région, qui y verraient par là même une manière de défendre leurs propres intérêts, ou qu’il s’agisse d’une stratégie d’influence des puissances tierces en question, il est donc nécessaire d’identifier les forces en présence et leurs intentions, en particulier les influences rivales au modèle européen, et les divers facteurs qui leur permettent de se diffuser afin d’accompagner les Balkans occidentaux dans leur intégration au projet européen, en pleine conformité avec les exigences de ce-dernier et avec l’orientation stratégique adoptée par la région.