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La coopération trans-européenne, esquisse pour la nouvelle Europe

Communication à la Conférence Internationale de Budapest, 16-18 avril 2004, « Aux portes de l’Union européenne, perspectives et attentes »

Pour tous les artisans de la construction européenne, l’élargissement de l’Union constitue un chantier à la fois exaltant et inquiétant. l’entreprise est passionnante parce qu’elle représente une sorte d’accomplissement du projet de réconciliation des peuples européens, 47 ans après sa conception. Cependant, elle n’en finit pas d’inquiéter aussi parce qu’elle fait figure de suprême test d’effort au regard de la fragilité de cette construction et de la modestie de ses instruments de régulation interne et externe. Il n’est pas rare que des Européens convaincus s’interrogent et expriment des doutes sur la capacité de l’Union à survivre à l’épreuve du nombre et à l’ampleur des disparités de toute nature.

De fait, l’année 2003 a semblé accréditer l’idée que la réunification de l’Europe constituait fondamentalement un projet irréaliste. En février, au plus fort de la crise irakienne, l’expression « nouvelle Europe » a été utilisée pour désigner les pays d’Europe centrale et orientale et les opposer à la vieille Europe occidentale, censée incarner une attitude frileuse, peureuse et peu dynamique. Dans les circonstances où elle a été prononcée, cette expression était malheureuse. Extraite de son contexte, elle est encore plus regrettable et s’avère fallacieuse. Durant l’automne passé, d’autres oppositions ont semblé se développer : celle qui s’est cristallisée entre petits et grands Etats lors de la Conférence intergouvernementale pour la révision institutionnelle, puis celle qui a commencé de croître entre les pays contributeurs et les pays bénéficiaires au sujet des perspectives financières pour le budget communautaire 2007-2013.

De mon point de vue, et ce sera l’objet de la présente communication, une nouvelle Europe est bien en train de se former, mais elle n’a rien à voir avec ce qui s’est passé l’an dernier. Il est inutile d’essayer de la débusquer aux réunions du Conseil des Ministres européens et lors des négociations où l’on compte et recompte les points de majorité qualifiée. Il faut plutôt la chercher dans les progrès de l’intégration européenne au niveau le plus bas, au niveau local ou régional, dans les multiples réseaux de coopération économique et sociale qui traversent l’Europe et qui modifient les courants d’échanges de produits et d’idées, les façons de gouverner et de gérer les services publics, les méthodes de travail et les projets politiques. En fait, C’est dans les diverses facettes de la coopération trans-européenne que s’esquisse la nouvelle Europe.

Certes, les changements sont encore mineurs mais ils ont commencé de se produire depuis une dizaine d’années. Ils témoignent d’un phénomène de long terme qui n’aboutira probablement pas avant une ou deux décennies. Mais, à l’heure où l’Union européenne s’agrandit de 10 nouveaux membres il est particulièrement important d’être attentif à ces transformations qui nous permettront de mieux faire face au défi majeur consistant à faire vivre plus de 500 millions de citoyens dans une Europe cohésive. En effet, au-delà de la future constitution, dont l’adoption est cruciale mais qui ne fournira qu’un cadre, il restera à concevoir et faire vivre les instruments financiers et règlementaires adaptés à la nouvelle Europe.

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