Policy Paper 90
L’UE non, l’euro oui ? Les opinions publiques européennes face à la crise (2007-2012)
Si le déclin des attitudes favorables à l’UE observé depuis 2007 s’est nettement accentué en 2011 et 2012, l’euro reste néanmoins l’objet d’un soutien majoritaire. Tel est le principal enseignement de l’analyse des derniers sondages Eurobaromètre.
Au vu de l’évolution convergente des réponses à plusieurs questions posées dans les enquêtes Eurobaromètre Standard, le déclin des attitudes favorables à l’Union européenne qu’on a observé depuis 2007 s’est nettement accentué en 2011 et 2012, les amenant à un niveau historiquement bas où elles se sont maintenues depuis lors. Cependant, l’ampleur de la baisse récente donne à penser qu’on atteint ou qu’on approche aujourd’hui le niveau record de l’euromorosité du dernier quart de siècle. Cela est allé de pair avec une tendance croissante de l’opinion à anticiper une détérioration de la situation économique ; la corrélation entre ces variables est manifeste.
En dépit des nombreux signes négatifs d’évolution de l’opinion, le citoyen européen moyen paraît cependant vouloir encore croire que l’Union européenne peut agir utilement contre la crise et il reste une (faible) majorité relative de citoyens qui se déclarent en fin de compte optimistes pour le futur de l’UE.
Dans ce contexte, la monnaie unique reste l’objet d’un soutien majoritaire dans l’UE, et même très majoritaire (aux deux tiers) dans la zone euro. Ce soutien a certes diminué depuis 2007 et surtout depuis 2010, mais dans une proportion nettement moindre que celle des indicateurs d’opinion précédents. La marge d’approbation d’« une Union économique et monétaire avec une seule monnaie, l’euro » est aujourd’hui moins grande dans les pays d’Europe du Sud les plus directement touchés ou menacés par les effets de la crise. Il y a fort à parier que cette apparente frilosité s’adresse non à l’euro en lui-même mais au traitement qui leur est actuellement administré au sein de l’UEM.
Plus généralement, les citoyens de ces États membres sud-européens, pour beaucoup parmi les plus europhiles naguère, manifestent anxiété ou amertume en étant de ceux où la chute des opinions favorables à l’UE a été la plus forte depuis le début de la crise. À l’automne de 2012, le nombre des pessimistes quant à l’avenir de l’UE dépasse chez eux celui des optimistes (ou, en Espagne, s’en approche) – caractéristique qu’ils partagent aujourd’hui avec les eurosceptiques traditionnels britanniques et les citoyens d’autres pays euroréservés (Hongrie, République tchèque). L’opinion française est aujourd’hui aussi majoritairement pessimiste sur ce plan.
Plusieurs éléments de cette analyse paraissent confirmer le risque évoqué il y a quelques mois dans l’étude « Les Européens croient-ils encore en l’UE ? » de voir se creuser des lignes de fracture entre pays de l’UE.
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