Policy Paper 248
Représentation et participation :
réinventer la démocratie européenne
Gaëtane Ricard-Nihoul, ex-Secrétaire Générale adjointe pour les Consultations citoyennes sur l’Europe et responsable du pôle «Conférences Citoyennes Régionales» à la Mission Grand Débat, Chef adjointe de l’Unité «Dialogues Citoyens» à la Commission européenne, nous livre une analyse de la pratique de la démocratie participative.
Résumé ▪
L’évolution sémantique est notable : le mot « participation » des citoyens au projet européen a trouvé sa place dans les documents officiels des institutions européennes, en particulier pour la préparation de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe, afin de donner « un nouvel élan à la démocratie européenne ». L’emploi du terme « participation » à cette échelle honore et oblige les Européens. Il nous honore car l’Union européenne pourrait être le premier espace politique transnational à réinventer la pratique démocratique, en conjuguant représentation et participation d’une façon à la fois innovante et engageante. Il nous oblige car il implique de ne pas s’arrêter au milieu du gué et de prendre au sérieux les signaux faibles de nos démocraties actuelles.
Ce policy paper est donc d’abord un cri d’alerte : aujourd’hui, « l’urgence démocratique » a la même acuité que l’urgence climatique. Développer la démocratie participative est le meilleur moyen de répondre de manière crédible à la demande de citoyens d’être plus régulièrement associés à la décision publique, à la fois d’une façon plus inclusive et délibérative que ne le proposent les bulles des réseaux sociaux et sans tomber dans le piège d’une démocratie directe présentée par les néo-populistes comme la seule « vraie » voie de l’expression citoyenne en opposition aux élites d’une démocratie représentative qui s’essouffle en divers pays.
Avec l’humble regard d’une praticienne, ce policy paper propose des pistes de réflexion et d’action pour le développement d’une démocratie européenne participative et délibérative qui soient les plus opérationnelles possibles. Sans livrer un mode d’emploi « clé en mains », il cherche à apprendre des expériences passées et à identifier les questions essentielles à se poser pour que la participation des citoyens ait un impact significatif sur les politiques, sans se substituer à la démocratie représentative que cette participation vient au contraire enrichir : quel est l’objectif de la démarche, qui participe et avec quelle méthodologie ? Parmi les nombreux enjeux évoqués dont celui de trouver une meilleure articulation entre le rôle essentiel de la société civile organisée et les nouveaux formats d’assemblées citoyennes, ce policy paper met particulièrement en avant les expériences prometteuses des panels citoyens tirés au sort, montés de manière de plus en plus régulière aux échelles transnationale comme nationale, et fondés sur une méthode délibérative s’appuyant sur l’intelligence citoyenne collective.