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Matelly, S. « Un mois avant les élections… », Infolettre, Institut Jacques Delors, mai 2024

Nous y voilà, la prochaine fois que vous lirez l’édito de notre infolettre mensuelle, nous ne serons plus qu’à quelques jours des élections européennes, dont nombreux, nous inclus à l’Institut, expliquent combien elles sont essentielles pour l’avenir de l’Europe et des européens.

D’abord, il est important d’aller voter puisque le Parlement européen fonctionne par la recherche de compromis et par conséquent, la formation de coalition. Comme le rappelle le Policy paper de Nathalie Brack et Awenig Marié publié sur notre site internet ce mois-ci, le PPE (parti de centre droit) est le parti qui obtient le plus grand nombre de sièges depuis qu’il existe des élections européennes c’est à dire en 1979. Pour autant, ce parti n’obtient depuis plusieurs années qu’une majorité relative. Il est par conséquent contraint pour obtenir une majorité des votes de travailler en coalition avec d’autres partis. Depuis 2019, la plupart des compromis ont ainsi été obtenus grâce à une « grande coalition » formée par un bloc central composé du PPE associé aux sociaux-démocrates et au groupe Renew. La montée, annoncée par tous les sondages, de l’extrême-droite pourrait modifier cet équilibre. Toutefois, sachant que les électeurs de ces partis eurosceptiques se déplacent plus pour aller voter que ceux des partis europhiles, la participation aux prochaines élections sera déterminante.

Ensuite, et c’est presque banal que de le rappeler, les défis en cours ou à venir sont nombreux pour les européens depuis celui de la lutte contre le changement climatique qui s’articulera autour de la mise en œuvre du Pacte vert dans les années qui viennent et dont on perçoit déjà toute la complexité, à celui du décrochage européen face à une concurrence qui n’est plus tout à fait celles des entreprises mais plus celles des grandes puissances et des politiques publiques plus protectionnistes que jamais et délétères pour une économie européenne qui doit apprendre à se protéger tout en préservant l’ouverture qui en fait encore aujourd’hui une grande puissance commerciale ou encore le défi géopolitique et la nécessaire affirmation de l’Europe comme acteur qui compte dans le monde (certains diront Europe puissance). Les élections de juin dessineront les orientations qui seront prises par les européens face à chacun de ces défis entre avancées ou pause, repli sur soi ou ouverture, affirmation et défense des intérêts communs aux européens ou préférences nationales.

Comme à notre habitude, nous avons encore ce mois-ci continué à ouvrir de nouvelles pistes de réflexion et de débats sur tous ces sujets. Ainsi, le policy paper de Camille Defard et Thibaut Voïta questionne les voies de renforcement de la souveraineté verte européenne au travers du Critical Raw Materials Act ou encore l’infographie de Guillaume Arditti qui propose un utile état des lieux sur les relations économiques et commerciales entre l’Afrique et l’Europe. A Bruxelles et à Berlin aussi, les Centres Jacques Delors ont été très actifs en cette veille d’élections. Europe Jacques Delors propose ainsi un agenda global pour les océans à la prochaine Commission via un Manifesto pour un Pacte pour les Océans. Sascha Ostanina à Berlin et Thierry Tardy à Paris suggèrent d’accélérer les initiatives en matière de défense dans la droite ligne des récentes annonces de la Commission et du haut représentant fin mars.

Enfin, les cinq années à venir vont aussi être celles où vont se négocier ou pas l’élargissement de l’Union mais aussi son approfondissement c’est à dire une réforme de ses institutions. Dans son article « Une Union toujours plus différenciée », Sébastien Maillard rappelle les risques liés à cette tentation de la différenciation. Le rapport d’Enrico Letta remis au Conseil européen le 17 avril, « Bien plus qu’un marché » ouvre de nombreuses pistes de réflexion et de multiples perspectives pour nous à l’Institut, le marché unique, porté par Jacques Delors reste en effet un sujet clé de nos travaux et réflexions sur l’avenir de l’Europe.

Sylvie Matelly 

Directrice de l’Institut Jacques Delors