décryptage
Un plan de sauvetage pour l’industrie automobile européenne ?
Après les marchés financiers, la crise a désormais gagné l’ensemble de l’économie. Les gouvernements sont donc soumis à des pressions croissantes pour venir en aide aux secteurs industriels particulièrement affectés par la crise. Il s’agit d’un sujet sensible pour le fonctionnement du marché intérieur. Beaucoup d’économistes, tout en justifiant dans les circonstances actuelles les interventions de l’Etat dans le secteur financier et celles qui visent le soutien à la consommation et à l’investissement, récusent la nécessité de mesures sectorielles pour l’industrie.
Après les marchés financiers, la crise a désormais gagné l’ensemble de l’économie. Les gouvernements sont donc soumis à des pressions croissantes pour venir en aide aux secteurs industriels particulièrement affectés par la crise. Il s’agit d’un sujet sensible pour le fonctionnement du marché intérieur. Beaucoup d’économistes, tout en justifiant dans les circonstances actuelles les interventions de l’Etat dans le secteur financier et celles qui visent le soutien à la consommation et à l’investissement, récusent la nécessité de mesures sectorielles pour l’industrie.
La notion de « politique industrielle » a longtemps été un sujet de controverse au sein de l’Union européenne. Les traités fondateurs posent aux Etats membres des contraintes très strictes en matière d’aides d’Etat, de liberté d’établissement et de non discrimination, mais ils sont explicitement neutres en ce qui concerne le régime de propriété des entreprises. Au fur et à mesure que progressait l’achèvement du marché intérieur la Commission a durci son contrôle sur l’application des règles; l’intégration des marchés a aussi amené une plus grande internationalisation des entreprises européennes. Tous ces facteurs, s’ajoutant au vent libéral qui a soufflé sur l’économie mondiale à partir des années 80 et aux contraintes budgétaires découlant de l’application du pacte de stabilité, ont conduit beaucoup de gouvernements à procéder à des privatisations massives; les « dirigistes » ont ainsi été privés de leur principal moyen d’intervention. Les régimes d’aides sectorielles ont eux aussi presqu’entièrement disparu. Les défenseurs d’une politique industrielle dirigiste ont parfois plaidé pour que la capacité d’intervention perdue au niveau national soit exercée au niveau européen; ils ont rarement été entendus. La notion de « champions nationaux » est encore bien présente dans certains esprits, mais au fil des années s’est développée une certaine convergence sur un concept de politique industrielle, dite « horizontale ». Refusant le dirigisme, celui-ci est fondé sur des mesures visant à accroitre la compétitivité de l’ensemble du système industriel : soutien à la recherche et à l’innovation, politiques actives du marché du travail et de la formation professionnelle, promotion de la concurrence, soutiens aux PME etc »¦ La « stratégie de Lisbonne » en offre un bon exemple. La crise actuelle conduit à une revalorisation du rôle de l’état; elle n’a pas foncièrement remis en cause le consensus qui s’était opéré sur la politique industrielle, mais elle fait resurgir de nouvelles contradictions et de nouveaux dangers de protectionnisme. l’industrie automobile est au coeur de ce débat.