Décryptage

Une assurance-chômage européenne : ce qu’en pensent vraiment les citoyens

La Commission européenne a affirmé de façon répétée que l’Union économique et monétaire (UEM) devait s’équiper d’un mécanisme de stabilisation. Les États-providence disposent de leurs propres stabilisateurs automatiques destinés à amortir les chocs économiques, parmi lesquels les indemnités de chômage en soutien du pouvoir d’achat des personnes ayant perdu leur emploi.

Le principal argument en faveur de tels stabilisateurs à l’échelle de l’UEM est qu’une union monétaire a besoin de mécanismes qui permettent de renforcer ou de compléter les stabilisateurs automatiques de ses États membres. Pour ce faire, une des options est de réassurer les régimes d’assurance-chômage nationaux au niveau de la zone euro. Une autre option est de mettre en place un régime qui vient en appui des capacités d’investissement public des États membres lorsqu’ils sont confrontés à une crise. En effet, le partage des risques peut être organisé de nombreuses manières différentes, et une large variété de formules concrètes a été proposée. Les avantages et désavantages de ces différentes formules font débat.

Reste toutefois la question cruciale de savoir si les citoyens de l’UE sont disposés à partager les risques des crises de chômage. Afin d’apporter des éléments de réponse, Frank Vandenbroucke, Brian Burgoon, Theresa Kuhn, Francesco Nicoli, Stefano Sacchi, David van der Duin et Sven Hegewald ont mené une enquête dans 13 États membres, y compris la France. Cette enquête tient autant que possible compte de la diversité de formules proposées ; son but était de les traduire en des termes compréhensibles aux citoyens issus de toutes les couches de la population. Le principe commun à toutes les formules testées est que cette politique européenne viendrait en soutien des indemnités de chômage dans des pays qui sont dans le besoin en raison d’une forte hausse de leur taux de chômage. Les résultats ont révélé que les modalités concrètes des formules proposées, visant à différents modes de partage des risques, avaient une influence significative sur l’adhésion des citoyens. La conclusion la plus importante est que l’opposition fondamentale au partage de risques est limitée à un segment assez réduit de la population. On observe une marge de discussion constructive et démocratique, plutôt qu’une polarisation insurmontable de la population.

Ce décryptage, écrit par Frank Vandenbroucke et Francesco Nicoli, est basé sur le rapport suivant : Frank Vandenbroucke, Brian Burgoon, Theresa Kuhn, Francesco Nicoli, Stefano Sacchi, David van der Duin, Sven Hegewald, Risk Sharing When Unemployment Hits: How Policy Design Influences Citizen Support For European Unemployment Risk Sharing (EURS). 2018. AISSR Policy Report 1, December 2018.

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