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Macek, L. « Une victoire à la Pyrrhus des « illibéraux » ouvre la voie à un réengagement européen de la Pologne », Blogpost, Institut Jacques Delors, octobre 2023

Le parti Droit et Justice (PiS) de Jarosław Kaczyński réussit l’exploit de gagner les élections législatives pour la troisième fois consécutive, mais il se retrouve sans alliés qui puissent lui permettre de composer une coalition gouvernementale viable. À l’inverse, si la Coalition civique (KO) de Donald Tusk n’arrive qu’en deuxième position, elle ne devrait avoir aucun mal à s’allier avec deux autres listes, la Troisième voie (TD) et la Nouvelle gauche (NL) qui partagent avec elle la volonté d’écarter le PiS du pouvoir. Ensemble, ces trois forces politiques disposent d’une majorité confortable au Sejm et d’une majorité écrasante au Sénat.

Toutefois, les marges de manoeuvre de la nouvelle majorité seront réduites par l’emprise persistante du PiS sur certains contre-pouvoirs et par le poids important que le parti de Jarosław Kaczyński garde dans le pays, alors que la nouvelle coalition devra se montrer en mesure de dépasser sa relative hétérogénéité politique.

Le PiS paie au plus fort sa stratégie radicale et agressive. La très forte mobilisation des électeurs – se traduisant par une participation record – a bénéficié à l’opposition. Les législatives polonaises confirment la relative stabilité de la scène politique polonaise, tout en traduisant un certain nombre d’évolutions notables. Elles mettent en évidence quelques parallèles avec des évolutions observées dans d’autres pays d’Europe centrale, tout en marquant des spécificités – notamment par rapport à la Hongrie, à laquelle la Pologne a souvent été associée ces huit dernières années.

Le prochain gouvernement devrait être en mesure de sortir la Pologne du bras de fer qui l’oppose à l’Union européenne et réengager le pays dans une dynamique européenne positive qui, aux antipodes de la volonté de reconfiguration radicale du projet européen portée par le PiS, se traduira par une posture constructive. Les législatives polonaises du 15 octobre 2023 signent ainsi un affaiblissement majeur pour le camp « illibéral » en Europe et montrent que l’érosion démocratique reste un processus réversible.