Face à la polémique, Fiona Scott Morton renonce à un poste à la Commission européenne

La «dame de fer» bruxelloise Margrethe Vestager a tenté de démontrer le 18 juillet que l'américaine Fiona Scott Morton disposait de toutes les qualités requises pour rejoindre la bulle européenne. Les eurodéputés n'ont pas été convaincus. Et le président Emmanuel Macron non plus. Face à la fronde, la candidate a renoncé au poste ce 19 juillet.

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Face à la polémique, Fiona Scott Morton renonce à un poste à la Commission européenne
Margrethe Vestager avait défendu la nomination de l'américaine Fiona Scott Morton au poste de cheffe économiste de la direction générale de la Concurrence ce 18 juillet devant les députés européens.

«Sur 450 millions d’Européens, ne pouvait-on pas en trouver un qui répondait aux critères recherchés ?» Durant la réunion organisée mardi 18 juillet par la commission des Affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen avec la vice-présidente exécutive de la Commission européenne et commissaire responsable de la Concurrence Margrethe Vestager afin d’évoquer la nomination controversée de l’américaine Fiona Scott Morton au poste de cheffe économiste de la direction générale de la Concurrence (DG COMP) de la Commission européenne, la question de l’eurodéputé allemand Markus Ferber, membre du groupe du Parti populaire européen (PPE), a fait mouche. Mais Margrethe Vestager n’a pas tremblé sur le moment.

Au contraire, la «dame de fer» bruxelloise a admis que la Commission européenne avait reçu onze candidatures sérieuses pour le poste. Quatre candidats répondaient aux critères d’éligibilité de la Commission. Tous, sauf Fiona Scott Morton, étaient européens. Mais c’est pourtant elle, professeur à Yale, mais aussi responsable de l'analyse économique à la division antitrust du ministère américain de la Justice (entre 2011 et 2012) et consultante pour des grands groupes du numérique comme Amazon, Apple et Microsoft, qui a été choisie.

«Nous avons mis fin au Far West numérique pour nommer un shérif américain», soupire la députée Stéphanie Yon-Courtin. Durant la réunion, elle a fait part de ses doutes à Margrethe Vestager, la suppliant presque, à la fin de son intervention, de «reconsidérer la décision». En vain. Mais ce 19 juillet, c'est la candidate qui a jeté l'éponge, "face à la controverse créée par la nomination d'une non-Américaine à ce poste", explique-t-elle dans un court texte envoyé à Margrethe Vestager et publié par cette dernière sur Twitter. La commission européenne à la Concurrence dit "regretter" cette décision.

«Pas forcément la décision la plus cohérente»

«Nous, les Européens, avons beaucoup de chance d’avoir pu attirer une personne de ce calibre», avait argumenté Margrethe Vestager la veille. Selon la Danoise, il ne faut pas «priver la Commission et les Européens des meilleurs conseils économiques possibles». D’autant qu’il «n’y a pas tellement de gens dans ce monde qui ont le profil nécessaire». A en croire la Danoise, Fiona Scott Morton cochait toutes les cases pour occuper «ce poste de conseiller, en contrat à durée déterminée», visant à donner des «conseils économiques, des analyses quantitatives pour les cas de mise en oeuvre de la politique de la concurrence» et à «servir de pont entre la DG COMP et le monde universitaire».

«C’est un rôle consultatif, sans aucun pouvoir décisionnel. [Le ou la chef(fe) économiste] ne décide pas si un affaire antitrust doit être ouverte ou fermée, si une fusion doit être autorisée ou pas, ou si une aide d’Etat va être approuvée ou déclarée incompatible [avec le droit de l’UE]», a encore martelé Margrethe Vestager, balayant d’un revers de main les critiques liées à la nationalité de la nouvelle recrue ou à son parcours aux côtés des géants du numérique.

Plus tôt dans la journée, le président Emmanuel Macron, de passage à Bruxelles, avait estimé «que les Européens ont besoin de développer des compétences européennes, d'avoir une autonomie stratégique». Or selon lui, le recrutement de Fiona Scott Morton (effectif en septembre) «n'est pas forcément la décision la plus cohérente à cet égard».

Après sa parenthèse bruxelloise, Fiona Scott Morton «pourrait être appelée à travailler à nouveau du côté américain, avec, cette fois, une connaissance très fine des arcanes juridiques et politiques de la Commission, notait Elvire Fabry, spécialiste de la concurrence à l’Institut Jacques-Delors, qui voyait là «un risque». 

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