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Défense européenne: face à l’urgence de financement, quelles stratégies innovantes pour 2025 ?
Chronique publiée en partenariat avec L’Opinion
Au fil des derniers mois, il est incontestable que les européens ont pris conscience de l’urgence qu’ils avaient à accroitre les moyens qu’ils dédient à leur défense, non seulement pour aider militairement l’Ukraine mais aussi pour renforcer, pour ne pas dire reconstruire leur base industrielle de défense. Enfin ! Serait-on tenté de dire. Les conclusions du sommet européen qui s’est tenu à Bruxelles la semaine dernière renforce encore ce constat. Quelques jours à peine après la publication, par la Commission et le Haut représentant de l’union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, de la première stratégie industrielle de défense européenne, la volonté exprimée par les Etats membres pour accélérer la mise en œuvre de cette stratégie est un signal très encourageant.
Las, pour tout cela, il faut de l’argent, beaucoup d’argent et très vite… Or, il n’y en a pas ou très peu. Le projet de règlement, programme d’investissement qui accompagne la nouvelle stratégie européenne n’est à ce jour doté que de 1,5 milliards d’euros. Il manque par ailleurs encore presque 200 milliards aux pays européens pour pouvoir espérer atteindre 2% de leur PIB dédié à leurs dépenses militaires dont 46 milliards pour l’Allemagne (prés du quart de l’effort nécessaire) mais aussi 35 milliards pour l’Italie et 32 pour la France. Les européens s’y étaient engagés en 2014 dans le cadre de l’Otan, peu après l’annexion de la Crimée par la Russie. Le temps presse puisque la date limite pour y parvenir est 2025 et que Donald Trump a déjà menacé de sévir contre ceux qui ne respecteraient pas cet engagement s’il venait à gagner la prochaine présidentielle américaine.
Quelles alternatives ? Outre une augmentation supplémentaire des dépenses militaires des pays qui parait bien illusoire, soit parce que leur dette limite sévèrement leurs marges de manœuvre, soit parce que les besoins de financement sont nombreux (santé, éducation, changement climatique, agriculture etc.), soit encore et c’est le cas de l’Allemagne parce que la rigueur budgétaire est inscrite dans la Constitution. Les institutions européennes ne sont pas mieux dotées. Avec un budget représentant à peine 1% du PIB et un cadre financier pluriannuel qui dérape suite aux crises récentes (pandémie, guerre énergie), il est évident que les moyens manquent. Les européens recherchent donc des sources « innovantes » de financement.
Qu’il s’agisse de la proposition de créer un fonds de souveraineté doté de 100 milliards, de celle d’émissions d’obligation européenne, les Eurobonds, de la réforme des statuts de la Banque européenne d’investissement (BEI) afin qu’elle puisse prêter aux industriels de la défense ou encore de l’utilisation des bénéfices exceptionnels générés par les actifs russes gelés dans le cadre des sanctions, les idées ne manquent pas et les lignes bougent, à l’image du revirement des pays dits frugaux à présent plutôt favorables à la réforme de la BEI. Pour autant, il y a urgence et force est de constater que la possibilité d’une nouvelle mutualisation de dettes divise encore. Lors du sommet européen la semaine passée, les Etats membres ont d’ores et déjà inscrits ce point à l’ordre du jour de leur sommet de juin.
La suite lors du prochain sommet donc !